AH DIEU ! QUE LA GUERRE ECONOMIQUE EST JOLIE !

(extraits de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

 

 

 

 

 

 

En résumé…

"S'il vous arrive parfois d'être saisi par une irrésistible envie de chanter sur un air martial : 'Vous n'aurez pas nos parts de marché !', alors vous êtes moderne et vous présentez les dispositions d'une bonne recrue pour la 'guerre économique' que se livrent industriels et financiers décidés à s'approprier la plus grande part de la richesse mondiale... et les pouvoirs qui vont avec. Sinon, vous êtes un 'archaïque' et sans doute un déserteur potentiel.

Pour être 'moderne', – forcément moderne puisque économique–, cette guerre-là offre néanmoins des points de similitude avec les grandes boucheries militaires, même si son décorum est moins spectaculaire. Le discours belliciste, inchangé, tend à convaincre l'opinion que les drames et les sacrifices qui lui sont imposés se répartissent également, et que la victoire est aussi incertaine que proche.

Philippe Labarde et Bernard Maris dénoncent avec une cruelle ironie et un sens aigu de la critique ce bourrage de crâne, qui est à la guerre ce que le ketchup est à l'ingestion des hamburgers : écœurant mais nécessaire.

Philippe Labarde, membre du CSA, a été chef du service économique et directeur de l'information du Monde.

Bernard Maris, professeur d'université, 'Oncle Bernard' à Charlie-Hebdo, a reçu un prix de meilleur économiste en 1995."

(au dos du livre Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Il ne faut pas se révolter

"Pendant que des historiens harnachés d'honneurs et d'émissions de télévision expliquent qu'il ne faut plus jamais se révolter, les économistes de marché assènent que la révolte est mathématiquement impossible puisqu'une alchimie de chiffres et de corrélations byzantines interdirait de faire autre chose que 'la seule politique possible'. Celle qui a l'aval des riches. Celle qui a donné à la France sept millions de chômeurs et de salariés précaires, et à la planète un milliard de sans-travail. Les historiens grondent que vouloir sortir la tête de l'eau serait trop dangereux ; les économistes précisent que c'est de toute façon devenu impensable." (Serge Halimi, dans la Préface, p. 12 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

La faute à la crise

"depuis 1974 et la 'crise', en France, la production de richesses a augmenté de 70% alors que le nombre de chômeurs était multiplié par sept." (Serge Halimi, dans la Préface, pp. 12-13 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

"On ne répétera jamais assez que les 'vingt calamiteuses', la crise', la récession rampante, la déflation larvée, la guerre économique, la menace américaine, puis allemande, puis nippone, puis américaine à nouveau, puis coréenne, furent une période de hausse des profits sans précédent. Il suffit de lire les comptes de la nation : 10 points du produit national sont passés des salaires aux profits. 1 500 milliards de francs d'augmentation du PIB ces dix dernières années. Pour qui ? 'La décennie a été glorieuse pour le 1 % de la population française qui possède 35 % de la richesse de la France, bénéfique pour les 20 % qui suivent, neutre pour les 65 % suivants, et catastrophique pour les autres [note : Les Chiffres de l'économie, supplément d'Alternatives économiques, hors série, n° 30, 1996, p. 49.].' Rien à ajouter. Si : ça va continuer." (pp. 139-140 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Les politiques

"Oui, l'Acte unique, Maastricht, le pacte de stabilité, la marche à l'euro, les privatisations, les déréglementations, la libre circulation des marchandises et des capitaux, le feu vert au dumping social, le rapt par le capital d'une part croissante du revenu national : tout cela fut bien le résultat de choix politiques, de décisions prises, en France, par les gouvernements de Laurent Fabius, de Jacques Chirac, de Michel Rocard, de Pierre Bérégovoy, d'Edouard Balladur et de quelques autres. Ailleurs, les artificiers de l'apocalypse furent Reagan-Bush-Clinton, Tatcher-Major-Blair, Kohl-Kohl-Kohl. Les 'marchés' l'exigeaient : ils le firent. Destruction du collectif, éclatement du travail, 'tiers-mondisation des nations', 'uniformisation du monde et cloisonnement des hommes' ; le système 'qui fonctionne à l'exclusion' est désormais bien en place. Presque tout a été donné aux uns ; beaucoup a déjà été repris aux autres." (Serge Halimi, dans la Préface, pp. 13-14 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

L'Etat, source de tous les maux

"Cet Etat qu'ils [ces libéraux impénitents] dénoncent, ils ont, année après année, su le faire payer : un Grand Stade qui bénéficiera à Bouygues, des avions de guerre qui profiteront à Dassault, des défiscalisations et des subventions directes qui enrichiront Peugeot. Le capitalisme, c'est la guerre, expliquait Jaurès qui allait mourir assassiné le jour où fut consommée la mêlée sanglante de 1914. Désormais, c'est plutôt le rapt de la richesse collective, la possibilité de faire payer par ceux qui n'ont pas grand-chose pour ceux qui ont déjà tout, d'externaliser des coûts et de répandre des déchets sur la société [...]" (Serge Halimi, dans la Préface, p. 15 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Le modèle américain

"Les partisans du 'moins d'Etat' citent sans cesse en exemple le 'modèle américain'. On les comprend. Là-bas, le libéralisme ressemble à sa caricature : ce que l''Etat-providence' perd de chair, l'Etat-censeur, l'Etat-prêcheur, l'Etat-garnison, l'Etat-prisons le gagne aussitôt en graisse. Là-bas, moins d'Etat, c'est l'Etat ailleurs que là où il pourrait remédier à l'injustice, et partout où il peut faire régner l'ordre. Là-bas, le revenu d'un patron est près de deux cents fois celui de son ouvrier ou employé." (Serge Halimi, dans la Préface, p. 16 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

"[...] En matière de modèle, l'américain n'est pas mal non plus. Passons sur l'inégalité des revenus qui s'accroît depuis vingt ans (hausse du revenu réel de 22 % pour les 10 % de la population les plus riches, baisse de 21 % pour les 10 % de la population les plus pauvres [note : Etudes économiques de l'OCDE, 'Etats-Unis', Paris, 1996, p. 99.]), sur le fait que, durant la même période, le rapport entre le salaire moyen des PDG et des ouvriers est passé de 1 à 30 à 1 à 150, que les ouvriers américains travaillent en moyenne quelque 360 heures par an de plus que leurs camarades français (et 140 de plus qu'en Allemagne). [...]

Les Etats-Unis sont devenus le seul pays occidental à ne pas offrir de couverture santé à tous les salariés de moins de 65 ans. Ce pays qui dépense le plus par habitant en matière de santé possède aussi une morbidité nettement supérieure à la morbidité française. En clair, les Américains dépensent plus pour leur santé tout en mourant beaucoup plus. Un enfant qui naît à Harlem a une espérance de vie inférieure à celle d'un enfant qui naît au Bangladesh, remarque Larry Summers, ex-conseiller de Clinton." (pp. 189 et 190 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Une disparité dans les salaires

"[...] un habitant d'Haïti travaille plus de seize ans pour gagner le salaire horaire de Michael Eisner [le très libéral patron de Disney]. Et Michael Eisner est désormais l'un des hommes qui cisèlent notre imaginaire." (Serge Halimi, dans la Préface, p. 16 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Les temps sont durs ? Endurcissez-vous !

"Battez-vous. Les inégalités se creusent ? Jamais, dans l'histoire de l'humanité, les nantis n'ont été aussi loin des pauvres ? Creusez plus profond votre tranchée. Votre vie devient polluée comme un vendredi soir sur les quais de Seine ? Mettez votre masque à gaz. Vous ne savez pas si vos enfants auront une éducation, une santé correctes, ne parlons pas d'un métier ? Apprenez-leur la flexibilité. Eduquez-les à la précarité, à l'incertitude du lendemain, à la peur perpétuelle de cette bombe appelée chômage, ça pourrait leur servir. Allons, du nerf, que diable ! Les profits explosent ? Les firmes font tellement de profits qu'elles ne les investissent même plus ? Les firmes n'ont jamais été autant engraissées de subvention d'un Etat qu'elles méprisent, et dont on leur donne maintenant le capital ? La guerre, on vous dit. Soyez mobiles, prêts à être embauchés le matin pour être débauchés le soir. Flexibles. Courbés. Prêts à attaquer. On vous sifflera dès qu'il faudra sortir du trou. Et après l'assaut, un nouvel assaut, puis un autre. Sans fin." (p. 21 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

"La croissance des vingt dernières années a engendré un chômage exactement proportionnel ? Ne vous arrêtez pas à quelques chiffres... La fantastique augmentation de la richesse française depuis vingt ans a entraîné une hausse fantastique du chômage ? N'allez pas croire tous les chiffres... Battez-vous, battez-vous, on vous en supplie ! N'allez pas adopter une mentalité de retraité, d'assisté, de paresseux, de jouisseur de la vie ! Luttez ! Compétition ! Guerre !" (pp. 179-180 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Fonctionnaires et autres privilégiés

"Les fonctionnaires sont des planqués, les smicards de honteux privilégiés, les assurés sociaux des nantis et les chômeurs des paresseux qui s'accrochent à leur alloc. Ne parlons pas des Rmistes, ces salauds à 2 000 francs net qui empêchent que le Smic soit à 3 000. Et parmi eux, ceux qui ont un toit, privilégiés par rapport aux clochards. Passons sur l'Etat prédateur, l'impôt qui tue l'initiative, les privilégiés de la SNCF, de la route ou de La Poste qui prennent le pays en otage." (p. 22 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Le modèle anglais

"La mondialisation à la mode libérale est la mise en coupe réglée du bien public, mobilier et immobilier, le saccage des caisses de Sécurité sociale et l'anéantissement du droit du travail. Ce que l'on conte comme un progrès est une régression de deux siècles. Que les Anglais aient les patrons les mieux payés du monde, peu de chômeurs et beaucoup de pauvres, un analphabétisme, des suicides et une morbidité en plein boom mais aussi le meilleur cinéma social du moment [note : Voir, entre autres, le merveilleux film Les Virtuoses] doit nous faire réfléchir." (p. 22 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

"Pauvres Anglais inventeurs de l'Etat-providence qui ont voulu se mettre en compétition avec les dragons, et qui ont réussi : ils sont tombés à leur niveau ; l'ouvrier anglais gagne deux fois moins que le français et il est autant au chômage." (p. 156 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

"Aujourd'hui, selon l'Unicef, quel est le pays d'Europe où le travail des enfants est le plus développé ? La Grande-Bretagne, pardi !" (p. 175 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

"L'Angleterre a les patrons les mieux payés du monde (une fois et demie les rémunérations françaises), les ouvriers les plus mal payés (deux fois moins qu'en France), les services publics les plus catastrophiques, l'aspect d'un ex-pays de l'Est, un accès à la santé désormais dérisoire et une mortalité en croissance vertigineuse, un alcoolisme effrayant, mais... mais..., un taux de chômage inférieur au taux de chômage français : 6,5% contre 12,5%. Six points d'écart. Ca vaut le coup, non ?

Même pas. Personne n'ose plus nier que cette différence s'explique par une démographie différente dans les deux pays ; que l'Angleterre est le pays d'Europe ayant créé le moins d'emplois ces dix dernières années, moins que la France, que l'Allemagne, que l'Italie et même que l'Espagne, au taux record de 20 % [note : Voir La Tribune, enquête de D. Sicot.] ; que les chômeurs anglais disparaissent parce qu'ils sont devenus des pauvres [note : Le nombre de pauvres est passé de 5 à 13,7 millions entre 1979 et aujourd'hui (Le Nouvel Economiste, avril 1997, p. 36).], qui n'ont même plus le courage d'aller s'inscrire à des agences d'emploi qui ne leur donneront rien (quand on vous dit que pour supprimer les Rmistes il suffit de supprimer le Rmi !), parce que si on prenait vraiment en compte les gens qui veulent travailler en Angleterre, le nombre de chômeurs serait de 15 %, que le quart de la population active travaille à temps partiel, que 7 % sont des intérimaires, que 1,2 million de personnes gagnent moins de 21 francs de l'heure [note : Encore Le Nouvel Economiste, que l'on ne peut suspecter de 'socialisme'. Lire également de R. Farnetti et I. Warde, Le Modèle anglo-saxon en question, Economica, 1997.] !" (pp. 182 à 184 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

"[...] les Anglais ont changé la façon de comptabiliser le chômage trente fois en vingt ans. Ca aide. Espérons qu'on trouvera un moyen de truquer les statistiques du suicide, qui explosent outre-Manche. Mais comme le suicide concerne (encore aujourd'hui) les vieux, ça fera autant d'économies pour la Sécu. D'ailleurs, ce sont les faibles qui se suicident. C'est bon pour le darwinisme économique." (p. 189 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Comment ça a commencé en France

"L'expérience prouve cependant qu'un argumentaire, si adroit soit-il, ne suffit pas pour réussir un bon bourrage de crâne. Deux autres conditions doivent être impérativement réunies. La première est que le discours soit 'vendu' par l'éventail politique le plus large possible : c'est le phénomène dit de l''union sacrée'. La seconde est que les communiquants acceptent de le relayer. Le malheur a voulu que ces deux conditions soient réunies dans notre pays au début des années 80.

L''union sacrée' naquit fin 1982, lorsque le gouvernement de la gauche unie annonça qu'il était temps de faire une 'pause' dans les réformes annoncées un peu plus d'un an auparavant, après l'élection à la présidence de la République de François Mitterrand. La suite démontra qu'en fait de 'pause' ou de 'parenthèse', il s'agissait bel et bien d'un alignement pur et simple sur les conceptions les plus orthodoxes de l'économisme [sic] le plus borné. Ses partisans en tout cas ne s'y trompèrent pas, qui, du FMI à l'OCDE en passant par le patronat et la Bourse, saluèrent comme il se doit ce retour à la 'normale'. Leur satisfaction n'eut d'égale que celle du Nouvel Observateur et de la 'deuxième gauche' piaffant de démontrer que le parti socialiste était enfin digne d'accéder au rang envié de parti de gouvernement. Et il est vrai que par la suite le PS prouva qu'il pouvait gouverner... comme la droite et même du point de vue de cette dernière... mieux qu'elle." (pp. 40-41 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Entrer en dissidence

"En fait, aujourd'hui, être moderne c'est oser entrer en dissidence, c'est oser dire que le libre-échange asservit, que la concurrence tue la liberté, que la mondialisation économique est une imposture égalitaire, qu'à la dictature policière de l'Est se substituent la brutalité des marchés et la tyrannie des financiers. C'est oser dire que la 'modernité' du libéralisme est la chose la plus brutale, ringarde, passéiste, archaïque, réactionnaire et surtout la plus sinistrement banale et la mieux connue du monde ; celle qui prolétarisa les êtres humains dans les heures les plus noires de ce qu'il faut bien appeler à nouveau par son nom : le capitalisme." (pp. 48-49 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Maastricht, cheval de Troie de l'ultralibéralisme ?

"C'est la même Europe encore qui, au nom sans doute de sa neutralité idéologique, remet en cause la notion même de service public, et fait des privatisations une priorité absolue. C'est enfin cette même Europe qui s'interroge gravement sur la rigidité du marché du travail dont 'souffre' le vieux continent, et le poids insupportable – bien sûr : insupportable – de la protection sociale collective. De là à penser que l'Europe de Maastricht est devenue un cheval de Troie qui permettra de liquider les quelques îlots de résistance qui freinent encore le processus de globalisation, il n'y a qu'un pas qu'il faut franchir." (p. 63 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Cette crise licencieuse

"Dans les années 80, les patrons avaient récupéré le terme des prophètes de l'inexorable crise du capitalisme pour le crier encore plus fort : 'Oui ! Bonne idée ! La crise comme vous dites ! C'est pas nous qui vous licencions, c'est la crise !" (p. 68 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

"La faute aux pauvres !"

"Maintenant le capital va chercher ses soldats. Il se déplace. Il s'installe auprès de la main-d'œuvre bon marché.

Le problème, c'est qu'il n'a plus tellement besoin de main-d'œuvre... La concurrence des pays émergents est une sornette. Les pays où prospère le quasi-esclavagisme concurrencent un pays comme la France à hauteur de 3% de son PIB, guère plus. Mais qu'il est bon de menacer le Français du Thaïlandais ! Bosse en silence où j'envoie fabriquer tes voitures en Corée ! Chôme sans broncher ou j'appelle l'Arabe [...] ! Pas de boulot, mais c'est pas notre faute, c'est... la faute aux pauvres. Aux plus pauvres que vous." (pp. 72-73 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

La protection sociale coûte cher

"[...] qu'est-ce qui rend le travail onéreux ? Sa protection. La mondialisation est donc inséparable d'un mouvement de destruction de la protection sociale, de généralisation du chômage de masse et d'alignement des conditions de salaire et de travail sur les pays où la main-d'œuvre est la plus exploitée." (p. 76 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Privatisons !

"La mondialisation est la suppression sur tous les coins de la terre de l'Etat-providence, qui protégeait les plus faibles et les classes moyennes. [...] En échange, chacun 'clôture' son champ : à chacun ses assurances privées, sa Sécu privée, sa médecine privée, son éducation privée et bientôt sa police privée." (p. 77 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

La World Company et l'Etat-providence

"Qu'elle [la World Company] déteste l'Etat-providence et le droit du travail [...] est une évidence qui ne doit pas faire oublier qu'elle en appelle à l'Etat dès que ses intérêts sont menacés. Elle déteste l'Etat-providence et adore l'Etat-subside [...]" (p. 78 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Une anecdote

"Quand M. Suard menaçait en public, à la télé, de déménager de France le siège de l'entreprise Alcatel qu'on lui avait fraîchement privatisée, au motif qu'on lui cherchait mesquine querelle d'avoir effectué, pour quelques misérables millions de francs, des travaux de plomberie ou d'électricité dans ses modestes appartements, il se moquait du monde. Sa firme était déjà organisée au niveau mondial [...]" (p. 82 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

La tiers-mondisation des nations

"Aujourd'hui, la mondialisation est concomitante d'un accroissement des inégalités des fortunes et des revenus et d'un phénomène de ghettoïsation sans précédent : resurgissent dans des pays comme la France les analphabètes, les pauvres, les clochards des trottoirs et les petits métiers des carrefours (laveurs de voitures et mendiants) que l'on croyait réservés définitivement au tiers monde. La mondialisation n'est qu'une tiers-mondisation des nations : quelques riches, beaucoup de pauvres, et entre les deux des policiers [...]" (p. 90 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Tous contre tous

"[...] le marché mondial exige la guerre entre chaque catégorie socioprofessionnelle (paysans, fonctionnaires, sous-cadres, cadres, retraités, actifs...), entre chaque ville [...], entre les régions, les races, les sexes, sur fond de discrimination de plus en plus grande. Qu'est-ce qui développe la haine raciale, sinon le chômage ? [...] Raconter aux paysans que les fonctionnaires sont des nantis, aux citadins que les paysans sont des empoisonneurs, et à tout le monde que tout le monde est privilégié, même les chômeurs – surtout les chômeurs, qui ont des allocs, sans travailler –, que l'un est privilégié en matière de RMI, l'autre en matière d'école, et un troisième en matière de santé (pourquoi pas en matière de vie ? ça viendra : 'Vous êtes vivant ? vous êtes un privilégié !'), prépare une guerre de tous contre tous pour le profit d'un tout petit nombre." (pp. 93-94 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Vous n'êtes rien !

"[...] le libéralisme [...] est en train de refuser aux damnés de la terre le droit d'être exploités. [...] Vous n'étiez rien, vous serez moins que rien. Vous viviez comme des bêtes, vous survivrez comme des épaves [...]. Vous serez exclus, mais pointez quand même à l'ANPE. Il n'y a pas de travail, mais pas question de réclamer autre chose que ce qu'on ne peut pas vous donner." (pp. 97-98 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Mais quelle misère ?

"Lorsqu'il visite un pays du tiers monde, la chose à laquelle s'habitue le plus vite M. Français-Moyen est la misère. Il la voit à l'aéroport, dans les rues, à la porte de son hôtel, aux vitres de sa voiture climatisée, puis il ne la voit plus. Pourquoi M. Pineau-Valencienne ou M. Minc verraient-ils la misère croissante en France ? La paupérisation du Français moyen ? Le Français moyen s'habitue à la misère du tiers monde, le nanti moyen s'habitue aux statistiques croissantes du chômage. De toute façon, on saura quoi faire tôt ou tard des chômeurs. Des milices par exemple. Car qui nierait que l''insécurité soit croissante [...]' ?" (pp. 98-99 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

L'Internet, l'Angleterre

"Quel est le grand événement de cette fin de siècle ? La chute du Mur ? Internet, cette pseudo-bibliothèque pour redoublants d'un bac informatique, le Sida, la vache folle, Lady Di ? Le grand événement de cette fin de siècle est la clochardisation de la Grande-Bretagne." (p. 99 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

De moins en moins de grèves

"Existe-t-il meilleur briseur de grèves que le chômage ? N'assiste-t-on pas à cette bénédiction qu'est l'effondrement des journées chômées [note : Réduction continue des heures de grève depuis 1970, divisées par cinq, jusqu'au sursaut de décembre 1995 (L'Etat de la France 96-97, La Découverte, 1997)] ?" (p. 123 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Le chômage, c'est vivifiant !

"Le chômage fouette le sang mieux qu'une pluie de balles. Il vous fait vous dépasser, travailler comme un malade, l'œil inquiet sur le voisin que pour un peu vous dénonceriez à la Kommandantur, pardon, au chef du personnel [note : Tiens ! La délation est devenue le sport numéro 1 dans la Grande-Bretagne ultralibérale...]." (p. 124 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Encore merci !

"Coupables d'incompétence, comme nos vierges effarouchées de l'austérité libérale et du serrage de ceinture, Camdessus et Trichet, ex-patrons du Trésor, patrons du FMI et de la Banque de France et à ce titre autorités de tutelle des Lévêque et Haberer (Crédit lyonnais, 135 milliards vampirisés sur le contribuable), des François Heilbronner (patron du GAN de 1986 à 1994 : 35 milliards de pertes, merci), des Georges Bonin (gouverneur du Crédit foncier de France entre 1982 et 1994, 23 milliards, je vous en prie), des Jean-Jacques Piette (Comptoir des entrepreneurs, 14 milliards, passez-moi le sel), des Jean-Michel Bloch-Lainé (Banque Worms, 11 milliards, un peu de sucre ?), etc." (p. 125 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

La faute au mauvais moral

"Pinay 'ne fait pas de politique' [...]. 'Nous avons mauvais moral à cause du chômage, et le mauvais moral crée du chômage.' Authentique ! On se pince... Ca c'est de l'économie politique ! De la grande science ! Chômeurs, ayez le moral et ça passera. C'est comme le cancer. Un peu de moral et ça va mieux." (p. 127 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

La quête pour les nantis

"Pourvu qu'ils tiennent, nos malheureux nantis, pendant l'effroyable compétition ! Tiens ! on devrait faire la quête dans les ANPE pour eux... Mais on la fait, la quête ! On la fait ! On n'arrête pas de diminuer les prestations sociales et bien entendu les allocations chômage pour leur allouer des baisses de prestations sociales afin qu'ils puissent créer des sous-emplois payés au demi-Smic et présentés comme des contrats d''insertion', de 'qualification' ou autres épithètes mensongères, alors qu'on devrait les baptiser contrats de préexclusion..." (pp. 138-139 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Dette de riche et dette de pauvre

"[...] la dette du riche et celle du pauvre ne sont pas de même nature. La première est une créance du riche sur lui-même ; la seconde une créance du riche sur le pauvre." (p. 144 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

La charité

"[...] ah ! ces classes pauvres qui voulurent devenir des classes moyennes ! Toutes seules ! Quand comprendront-elles que ce sont les riches qui décident de la richesse et de l'aumône à faire aux autres ? Donner de l'argent, d'accord : mais laissez-nous le gagner pour nous et vous en restituer quelques miettes. La part du pauvre. La charité est l'un des fondements de la morale libérale." (p. 147 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Chômeur de confort et Souffrance de PDG

"A propos des chômeurs, Michel Bon, PDG de Carrefour puis de France Télécom, milliardaire en stock-options [...], avait inventé le terme délicat de 'chômeur de confort'. Bon avait été le patron de l'ANPE : il avait eu tout le loisir d'observer le confort sur le visage de tous ces planqués... Debout les morts ! Je m'en vais vous envoyer tous ces tire-au-flanc au combat ! Chômeur de confort... On a compris : le paresseux qui pointe au chômage, ou le mendiant qui se fait 'ses 300 francs par jour' comme disait un député de la majorité dont on préférera oublier le nom.

Chômeur de confort, mais PDG qui souffre. On a même osé nous ressortir la 'souffrance du PDG' à propos de l'affaire Vilvorde, et du licenciement de centaines d'ouvriers d'une usine. [...]

Les licenciés de Vilvorde devraient envoyer une lettre d'excuses à Schweitzer, leur patron, qui tant souffrit de les virer [note : La Bourse salue la saignée de Vilvorde. Que Renault ait réduit son personnel de 40 % en dix ans, que cette politique ait montré son inefficacité n'y fait rien. La Bourse salue le feu d'artifice en soi. Le feu d'artifice des obus.]." (pp. 147-148 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Espérance de vie

"[...] un manœuvre vit en moyenne dix ans de moins qu'un cadre supérieur ou qu'un membre des professions libérales : quand il arrive à la retraite, il passe directement au cimetière ; il a cotisé pour les riches [...]" (pp. 161-162 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Raymond Barre, fonctionnaire

"Raymond Barre. Fonctionnaire. Ecoutons l'expert : 'L'inégalité des revenus est source d'insatisfaction, et par là de progrès humain.'" (p. 167 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

La richesse qui ruisselle sur les pauvres

"De la redistribution, certes, mais de la redistribution faite non par l'Etat, mais par les nantis. Bref, de la charité. Je me sers d'abord, puis je sers les autres. La part du pauvre. Cela s'appelle le trickledown effect. L'effet percolateur. La richesse qui finit par ruisseler sur les pauvres, du haut en bas. Mais d'abord laissez-nous devenir plus riches, après, vous verrez que ça vous profitera." (p. 168 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Trop de Sécu tue la Sécu, Trop d'emploi tue l'emploi

"'Le poids de la Sécurité sociale est devenu de plus en plus insupportable pour l'économie' (Barre). C'est la thèse merveilleuse de l''effet pervers [...]', l'argument le plus habile de la rhétorique réactionnaire : trop de Sécu tue la Sécu, vous voulez sauver le système, vous êtes pleins de bonnes intentions, plus bêtes que méchants au fond, mais vous allez le tuer, vous dépensez tellement que vous n'aurez plus rien ; c'est comme l'emploi : vous voulez tellement le protéger que vous aggravez le chômage ; laissez-nous licencier, c'est pour créer des emplois." (p. 170 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Une solution radicale pour réduire le nombre de Rmistes

"'Les lois sur les pauvres créent les pauvres qu'elles assistent' (Malthus). La rengaine du credo libéral. Vous voulez assister les pauvres ? Vous fabriquez des pauvres. Evident : avant le Rmi, pas de Rmistes ! Maintenant qu'il y a le Rmi, un million de Rmistes. Vous avez suscité les Rmistes ! C'est la génération spontanée : mettez du fromage dans une assiette et vous allez engendrer des souris, des fourmis. Des parasites, quoi ! Inventez des allocs chômage, et vous créez des chômeurs ! Mathématique : pas d'allocs, pas de chômeurs." (pp. 170-171 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Public ou Privé ?

"Il faut trouver un équilibre. La démocratie est un équilibre. Personne ne dit ici, ne dira jamais qu'il faut tout au public. Mais à la France de Napoléon III, où 90 % allait au privé et 10 % au public, on préfère celle de la balance : 50-50.

Le marché tue la démocratie, autant que le soviétisme. Comme le cancer, il prend tout dans le corps social, du rein et du travail des pauvres au savoir de ceux qui n'ont pas d'autre capital et prostituent leur malheureuse science pour trois minutes de télé ou deux élixirs pharmaceutiques : il est un totalitarisme." (p. 191 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Les joueurs de flûte du libéralisme

"[...] ils ['les joueurs de flûte'] sont sourds à toute autre musique que la leur. [...] cette surdité leur permet de ne jamais douter ni d'eux-mêmes [...] ni des idées qu'ils défendent. Cette certitude, bien sûr, s'exprime de façon différente au gré des tempéraments, des interlocuteurs et des occasions ; paternaliste : 'Ne réfléchissez pas, nous sommes là pour ça. Faites-nous confiance et tout ira bien.' Interrogative : 'Comment pouvez-vous oser imaginer que nous puissions avoir tort, nous qui formons le cercle de la raison ?' Menaçante : 'Si vous ne faites pas ce que l'on vous dit, il va vous arriver de grands malheurs.' Charitable : 'Vous croyez que cela nous amuse ? C'est pour vous que nous faisons tout cela !' Persuasive : 'tout le monde fait la même chose, c'est bien la preuve qu'il n'y a rien d'autre à faire.' Courroucée : 'Dites-donc, vous ne seriez pas communiste, archaïque, populiste ou les trois ?' Fraternelle : 'On sait bien que c'est dur, mais c'est dur pour tout le monde.' Ainsi cheminent les 'joueurs de flûte', imperturbables, superbes et surmédiatisés." (pp. 196-197 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Une petite histoire

"[...] Ted Turner [entre autres propriétaire de CNN] découvrit en avion – le sien – et en survolant ses comptes que la hausse de la Bourse de New York lui avait fait gagner 3 milliards de dollars (18 milliards de francs) en neuf mois ! Heureuse surprise qui amena sur l'heure l'homme d'Atlanta à 'faire un geste' en faveur des plus démunis en offrant un milliard de dollars à l'ONU pour financer ses programmes humanitaires. C'est pas beau, ça ? C'est pas moral ?

Vous allez nous dire que participer activement au bourrage de crâne qui contribue à la production de millions de pauvres et d'exclus pour ensuite leur accorder une sorte d'aumône n'est pas à proprement parler moral. En tout cas, c'est moderne. Et puis Ted Turner économise un peu plus en impôt que ce qu'il a donné [note : Ted Turner économise... 1,1 milliard de dollars (La Tribune, 30 septembre 1997, p. 22).]." (pp. 199-200 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Assez !

"L'heure des mutineries a sonné. C'est fini : on ne supporte plus qu'on nous dise que la Bourse, c'est 'pour nous'. Si Pinault, ami de Chirac, a fait en quinze ans plusieurs milliards de fortune personnelle, si Naouri, ex-'dir cab' de Bérégovoy, est sur la même voie, c'est pas pour moi, mais contre moi. Si Didier Pineau-Valencienne licencie, c'est pas pour moi comme il le jure, la main sur son chapelet, c'est contre moi. Assez de me faire croire que je dirige les fonds de pension qui dirigent la Bourse ! Assez de se moquer de moi !" (p. 207 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Désobéir

"Il faut savoir désobéir. Oser dire [...] qu'une société qui ne sait pas intégrer plus de 3 millions de chômeurs et le double de pauvres est indigne du qualificatif de 'civilisée' ; que la servitude commence avec la soumission à la compétitivité, à la productivité ; que la robotisation, qui pourrait être la meilleure des choses, est devenue la pire [...] Que l'économie est devenue folle, un train d'enfer sans pilote fonçant sur une voie ferrée que construisent des hommes machinalement, plus machines que les machines, plus esclaves que les esclaves, avec leurs têtes vides qui n'ont jamais le temps de rien, surtout pas de penser, moins encore de rêver." (p. 210 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

De grands espoirs

"Heureusement, il y a de grands espoirs. Heureusement, cette guerre est peut-être la dernière bataille de l'humanité contre elle-même ; espérons qu'elle ne sera pas trop sanglante ! Au-delà, il y a l'espoir de la paix au XXIe siècle, grâce à la révolution technique qui élimine le travail manuel. De toute façon, on n'a pas le choix : ou le chaos des 'grandes compagnies' dans une guerre civile interminable, ou la paix dans une redistribution retrouvée.

Et maintenant, crosses en l'air, pour qu'on ne puisse écrire un jour : 'Et le combat cessa faute de combattants.'" (p. 25 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

Les solutions existent

"Les solutions existent. Les pistes sont là. Qui n'a entendu parler de la Tobin Tax [note : Du nom du prix Nobel d'économie 1981.], la taxe infinitésimale sur les mouvements de change ? 1 400 milliards de dollars circulent journellement ? Ponctionnons 0,1 % sur chaque mouvement. 1,4 milliard de dollars de côté par jour. Pour quoi ? Pour enseigner, alphabétiser, dépolluer, créer, soigner, planter, inventer en dehors de toute contrainte mercantile, apprendre gratuitement l'économie politique à Seillière, donner des leçons d'esthétique à Bouygues... Qui n'a entendu parler de la taxe Lauré ? Taxer tous les produits en provenance des pays à faible niveau de protection sociale et redistribuer à des fins de formation, à ces mêmes pays, le produit de ces taxes..." (p. 212 de Ah Dieu ! que la guerre économique est jolie ! par Philippe Labarde et Bernard Maris – 1998 – Albin Michel)

 

 

 

 

 

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