EUROPE INC.

LIAISONS DANGEREUSES ENTRE INSTITUTIONS ET MILIEUX D'AFFAIRES EUROPEENS

(extraits de Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F)

 

 

 

 

 

 

Préface (de Susan George)

" Un journaliste d'un grand quotidien économique français est venu récemment m'interroger au sujet de ceux qui s'opposent à la mondialisation, qu'il appelait les "anti-mondialisation". Avant toute chose, il a fallu lui expliquer qu'à mon avis, la notion de "mondialisation" n'avait aucun sens si on ne lui associait pas un qualificatif tel que "impulsée et imposée par les multinationales", car ce sont elles qui façonnent les règles du nouvel ordre mondial.

Croyais-je alors, me demanda-t-il, à quelque conspiration fomentée par ces firmes ? Pas du tout : nul besoin de conspiration. En revanche, ces entreprises géantes savent parfaitement définir ensemble leurs priorités économiques et politiques pour les faire triompher grâce à l'action efficace de leurs multiples lobbies.

Ah bon ? des lobbies ? Lesquels ? Eh bien, par exemple, lui disais-je, la Table Ronde des industriels européens [ERT], dont les 45 membres, PDG des plus importantes multinationales européennes, exercent une immense influence sur les décisions de la Commission européenne ; ou encore le Dialogue sur le commerce transatlantique [TABD], qui réunit dirigeants de grandes firmes des deux côtés de l'océan et responsables politiques nationaux et internationaux.

Voulait-il que je lui parle de Burston-Marsteller, compagnie de relations publiques dont l'accès aux dirigeants européens est réputé sans égal ? ou encore de la pénétration par le monde des affaires des Nations unies, associés à la Chambre de Commerce International dans le Geneva Business Dialogue ? ou peut-être du réseau des transports européens [TER] déjà réalisé aux trois-quarts, précisément selon les indications des firmes transnationales européennes ?

Mon interlocuteur, pourtant payé pour être au courant des affaires économiques et sociales européennes, n'avait jamais entendu parler d'aucune de ces organisations. Il n'est hélas pas le seul.

Si les organisateurs du Forum de Davos ne sont heureux que sous le feu des projecteurs, d'autres – qui influencent en permanence les grandes décisions politiques en Europe et ailleurs – cultivent une admirable discrétion. J'avoue qu'avant de lire, vers 1997, les premiers travaux des auteurs de ce livre, je me trouvais, comme la quasi totalité des citoyens européens, dans le même état d'ignorance crasse que le journaliste précité.

Les cinq auteurs de ce livre, membres du Corporate Europe Observatory, sont – je pèse mes mots – les meilleurs jeunes chercheurs que j'ai rencontrés depuis de longues années. Cette équipe a réussi à déchirer le beau rideau de soie qui protégeait les lobbies européens des regards curieux. Ou, pour choisir une autre image, ils ont découvert sous des tonnes de broussailles et de camouflages un riche filon dont ils ont su extraire un métal pur. De ce métal, il faut s'empresser de fabriquer des balles qui portent car, comme le dit mon collègue George Monbiot, préfacier de l'édition anglaise de ce livre, "le conflit le plus important du XXIe siècle sera la bataille entre les entreprises géantes et la démocratie ".

Sans information, la démocratie périclitera. Et les citoyens commencent à comprendre qu'ils ne peuvent compter sur les médias classiques pour être informés. A travers les luttes contre l’Accord multilatéral sur l'investissement [AMI], les organismes génétiquement modifiés [OGM] ou l'Organisation mondiale du commerce [OMC], les citoyens ont appris que c'est à eux d'informer les médias – pour ne pas parler des autres citoyens et des parlementaires qui les représentent. Ce qui n'est pas de tout repos.

Mais nous disposons d'un allié de taille, car les connaissances que nous fournit ce livre sur le vrai fonctionnement des instances qui nous gouvernent sont parfaitement étayées, incontestables et littéralement sans prix car elles nous permettent enfin de viser juste. Il s'agit de rien moins que de prendre les armes pour construire la démocratie internationale que les multinationales redoutent et repoussent de toutes leurs forces. Grâce à ce livre, ces armes sont à portée de la main et de l'esprit. Reste aux citoyens du monde à s'en saisir. " (Susan George – préface – pp. 5-6 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Les auteurs du livre 

" Cet ouvrage est une entreprise collective de l'Observatoire de l'Europe industrielle [Corporate Europe Observatory : CEO], groupe militant et de recherche basé à Amsterdam, qui expose les menaces que le pouvoir économique et politique des grands groupes industriels et de leurs lobbies font planer sur la démocratie, l'équité, la justice sociale et l'environnement. " (p. 7 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Combien de lobbyistes ? 

" Plus de 10 000 professionnels du lobbying hantent les couloirs de la Commission, du Conseil et du Parlement, la grande majorité d'entre eux issu d'agences de relations publiques, de lobbies de l'industrie ou de compagnies indépendantes. [...] Tandis que les entreprises peuvent se permettre de payer des milliers d'agents pour représenter leurs intérêts à Bruxelles, les coalitions européennes d'organisations citoyennes et les syndicats sont relativement pauvres et manquent tant de personnel que de moyens. [...] Aujourd'hui, on estime à 3 000 le nombre de personnes qui font pression sur le Parlement, presque toutes directement employées par l'industrie. Une moyenne, donc, de cinq par député européen. " (pp. 13 et 16 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Fiscalité sur les entreprises allemandes : tout ira bien 

" Début 1999, les entreprises allemandes ont lancé, contre les projets de réformes de la fiscalité sociale et écologique du gouvernement " rouge-vert ", une offensive de grande envergure. Une vingtaine d'entreprises poids lourds ont pris les devants, menaçant le gouvernement allemand d'un exode en masse si celui-ci abandonnait ses généreuses réductions d'impôts ou ses subventions. L'Allemagne a perdu près d'un million d'emplois depuis 1995, après que Siemens, DaimlerChrysler, Hoechst, Wolkswagen et d'autres grandes firmes ont transféré leurs activités dans des pays aux salaires et aux impôts plus bas. En mars 1999, le ministre des finances, Oskar Lafontaine, qui avait été le principal architecte de la réforme fiscale et la cible de cette campagne industrielle annonçait sa démission. A ce propos, Die Zeit, le plus grand hebdomadaire allemand, avait alors fait sa une en posant la question : " Qui dirige la République ? ". Lafontaine a finalement été remplacé par le très " droitier " Hans Eichel qui a recruté comme secrétaire d'Etat le chef du service fiscal de Bayer, responsable de la réforme fiscale allemande. Manfred Schneider, directeur exécutif de Bayer, déclara à ce propos : " Nous avons envoyé notre meilleur homme et nous l'avons mis au courant, donc tout ira bien. " " (pp. 20-21 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Burston-Marsteller, agence de relations publiques 

" Les agences de relations publiques ayant flairé, tapies dans la complexité bureaucratique de Bruxelles, les possibilités d'un activisme lucratif, elles fournissent aujourd'hui aux grandes entreprises et à leurs groupes de pression des services tels que campagne d'influence, collecte d'informations, médias et conseils. [...]

Selon Michael Berendt, de Burston-Marsteller, " Bruxelles, après tout, est très loin de beaucoup de gens et très loin également de beaucoup d'entreprises. Les entreprises ont bien des difficultés à savoir ce qui s'y passe, ce qui va les affecter, ce qu'elles doivent savoir pour changer quelque chose et comment réagir. Et c'est là que nous entrons en jeu. " Comme les plus influents lobbies industriels, les agences de relations publiques sont parfaitement conscientes que c'est à la Commission que l'essentiel se décide. " Ce que nous essayons de faire dans notre travail, c'est d'apprendre aussi tôt que possible ce que la Commission envisage de faire avant que cela ne prenne la forme d'une proposition, poursuit Berendt. Il faut savoir où sont situées les choses à l'intérieur du système, qui sont les responsables aux différents niveaux du système puis enfin... trouver la porte d'entrée, les moyens de pression et comment exercer une influence sur les mesures à venir. " Le secret semble résider dans les contacts personnels : " Bien sûr, nous finissons par connaître du monde. Nous connaissons les gens personnellement. Nous discutons avec eux et récoltons tous les renseignements que nous pouvons. "

Burston-Marsteller [...] est la plus grande agence de relations publiques au monde, avec ses 60 bureaux répartis dans 32 pays [...]. " (pp. 25 et 29-30 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Comment les agences de relations publiques ont travaillé au sabotage de l'accord de Kyoto

" [Le] plus combatif des lobbies américains dans sa lutte contre l'accord sur le climat [de Kyoto] est la Coalition sur le climat mondial [GCC]. Créé en 1989 par la tristement célèbre agence de relations publiques Burston-Marsteller, ce lobby compte parmi ses membres l'American Petroleum Institute, Amoco, Chevron, Chrysler, Dow Chemical, Dupont, Exxon, Ford, General Motors, Mobil, la National Mining Association, Texaco, Union Carbide et, depuis peu, BP et Shell. Au cours de ces dernières années, la coalition a mené une grande campagne de désinformation de plusieurs millions de dollars dans le but de générer le scepticisme public par de beaux rapports scientifiquement douteux diffusant de lugubres avertissements sur l'accroissement du chômage qui résulterait de la réduction des émanations [de gaz carbonique]. Ces lobbies assistent également en masse aux réunions de négociations sur le climat et demandent à ce que les pays du Sud soient tenus d'appliquer les mêmes réductions. [...]

En juin 1997, juste à temps pour Kyoto, la BRT [Table Ronde américaine] lança une campagne publicitaire d'un million de dollars [à destination de] l'administration américaine [...]. Ces arguments furent confortés par de généreuses donations au Parti démocrate (plus de 11 millions de dollars en 1996) et un soutien financier total de 57 millions de dollars à certains membres du Congrès lors des deux dernières élections. [...]

Le Projet d'information sur le climat mondial [GCIP] est un autre acteur important de la scène américaine. Menée par l'agence de relations publiques Shandwick, cette énorme coalition industrielle est constituée de fédérations telles que l'American Petroleum Institute, l'American Plastic Council et certains syndicats d'intérêts miniers et commerciaux tels que United Mine Workers of America et l'AFL-CIO. En septembre 1997, ce lobby lança une campagne publicitaire de 13 millions de dollars destinée à répandre de fausses informations sur les modifications du climat. Une série d'annonce présenta ce groupe d'industriels comme un rassemblement international d'écologistes préoccupés par l'augmentation des émanations de gaz carboniques dans les pays du Sud, dont le message soulignait l'injustice d'exempter ces pays d'engagements dans ce domaine. [... Dans le même temps, s']exprimant au nom de l'American Petroleum Institute (auquel appartiennent BP, Chevron, Elf, Exxon et Shell), [Lee Raymond, président d'Exxon] menaça les pays du Sud de perdre des investissements étrangers si des objectifs astreignants étaient adoptés à la Conférence de Kyoto. " (pp. 223 à 226 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Qu'est-ce que la Table Ronde des Industriels Européens (European Round Table – ERT) ?

" Bien que pratiquement inconnue du grand public, la Table ronde des industriels européens [ERT] constitue depuis plus de dix ans l'une des principales forces de la scène politique européenne. La facilité d'accès de ce lobby aux politiciens les plus hauts placés [...] lui permit de participer à l'élaboration du programme de l'Union européenne. [...] Parmi les firmes actuellement représentées figurent Investor, AB, Bayer, BP, DaimlerChrysler, Ericsson, Fiat, Nestlé, Nokia, Petrofina, Philips, Renault, Shell, Siemens, Solvay, Total et Unilever. " (pp. 37 et 38 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Comment l'ERT a influé sur la politique de l'Union européenne

" A l'automne 1984, la Commission [européenne] présenta un ensemble de propositions visant à éliminer les barrières commerciales au sein de la Communauté européenne. [... Le] milieu des affaires considérait ces propositions comme "peu souples" et "manquant de précision quant au planning". En 1985 [...], le président de l'ERT Wisse Dekker fit la proposition plus ambitieuse [...] d'un projet sur cinq ans visant à faire tomber les barrières commerciales, harmoniser les réglementations et abolir les frontières fiscales. Cette proposition, "Europe 1990 : un agenda pour l'action", figurait dans le document envoyé aux chefs d'Etat et de gouvernement européen ainsi qu'à de nombreux officiels de haut niveau. [...]

Quelques mois plus tard, Lord Cockfield, chargé de l'Industrie à la Commission, publiait le Livre blanc, devenu la base de l'Acte unique européen de 1986, lui-même cadre juridique du Marché unique. La seule différence, insignifiante d'ailleurs, entre le rapport de l'ERT et le Livre blanc consistait dans le report à 1992 de la date limite pour la réalisation du Marché interne – initialement prévu par la Table Ronde, dans un excès d'optimisme, à 1990. [...] Lord Cockfield reconnut par la suite que le Livre blanc avait été influencé par le plan d'action de l'ERT [...]. " (pp. 40-41 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

" L'exemple le plus révélateur de l'amicale collaboration entre les lobbies et un président de la Commission [européenne] est peut-être le célèbre Livre blanc sur la croissance, la compétitivité et l'emploi de Jacques Delors. Approuvé en 1993 par les chefs d'Etat et de gouvernement au Conseil de l'UE, le Livre blanc fut préparé en étroite coopération avec l'ERT [...]. Lors de la présentation du Livre blanc à la presse, Jacques Delors remercia le groupe de pression de son soutien pendant les préparations. " (p. 44 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

L'ERT et l'éducation

" L'ERT a toujours insisté sur la nécessité de confier l'éducation aux bons soins de l'industrie plutôt qu'à des gens "qui, selon toute évidence, n'ont aucun dialogue avec l'industrie, ne la comprennent pas et ne comprennent pas non plus la voie du progrès." " (p. 54 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

L'UNICE (Union des confédérations industrielles et patronales européennes)

" L'Union des confédérations industrielles et patronales européennes [UNICE] est [...] un lobby réactif : ses groupes de travail dissèquent chaque proposition, réglementation, directive ou article émanant de Bruxelles avant de renvoyer des rapports qui influenceront le dispositif de détermination des politiques. [...] L'UNICE incarne la voix officielle de l'industrie auprès de l'UE depuis 1958, ce qui lui donne carte blanche et un accès ouvert et sans entraves aux institutions européennes. "Notre mission est d'influencer les décideurs au niveau européen. Bien sûr, le mot "lobby" n'est pas utilisé mais c'est pourtant bien ce dont il s'agit, confie son directeur de communication. On peut voir l'UNICE comme une usine à produire des documents. Et mon travail, ici, au service communication, est de les vendre aux décideurs." " (p. 61 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

L'AMCHAM

" [L']un des plus importants acteurs industriels de la scène politique est un représentant des multinationales basées aux Etats-Unis : le comité européen des Chambres américaines de commerce (AMCHAM) [...].

Boeing, Dupont, Exxon, General Motors, McDonald's, Monsanto et Procter & Gamble figurent parmi les 145 géants de l'industrie rassemblés dans ce groupe de pression. [...]

L'AMCHAM travaille en rapport étroit avec les deux plus influents groupements industriels de Bruxelles, l'ERT et l'UNICE. [...] Ces trois groupements ont recours à ce que John Russel [directeur des Affaires européennes de l'AMCHAM] appelle "l'approche chorale", qui renforce et améliore stratégiquement les positions de chacun : "Normalement, il est plus efficace de ne pas tout dire ensemble mais plutôt de faire dire plus ou moins la même chose par différentes personnes aux institutions." [...]

[La mission de l'AMCHAM] est notamment, selon Russell, de surveiller les politiques et les mécanismes de l'UE, de fournir à ses membres des renseignements fiables et d'apporter "une participation constructive au processus législatif ou, pourrait-on dire, de faire pression."

Après avoir repéré une loi de l'UE digne d'intérêt, l'AMCHAM contacte les officiels de la Commission concernés et commence à publier des prises de position et des propositions d'amendements spécifiques. En 1998, le groupe a publié 10 ouvrages, plus de 60 rapports sur les politiques européennes et a pris part à "environ 350 réunions avec la Commission et le Parlement" [selon John Russell] " (pp. 73 à 75 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

L'AUME (Association pour l'Union monétaire européenne)

" Basée à Paris, l'Association pour l'Union monétaire européenne (AUME), a été créée en 1987, bien avant la ratification du Traité de Maastricht et l'Union dont elle porte le nom. Officiellement due à l'initiative de l'ancien président français Giscard d'Estaing et de l'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, elle fut en réalité fondée par 5 grandes firmes, membres de l'ERT : Fiat, Philips, Rhône-Poulenc, Solvay et Total. " (p. 79 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

" Non contente de prendre part aux groupes d'experts officiels et d'aider à mettre en forme le scénario final de la transition à l'Union monétaire, l'AUME publia des rapports et des études universitaires ayant pour objectif de contrer critiques et scepticisme. Avec le soutien financier de la Commission [européenne], l'AUME a ainsi rédigé et fait distribué des millions de guides pratiques de préparation. " (p. 83 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Remue-ménage autour du chapitre sur l'emploi du Traité d'Amsterdam

" Du point de vue de [l'UNICE], les politiques publiques de création d'emplois, de sécurité sociale, les droits du travail et les droits environnementaux constituent des menaces pour la compétitivité. La seule introduction dans le Traité [d'Amsterdam] d'un chapitre sur l'emploi la rendit nerveuse, et la mention des droits des travailleurs déclencha de violentes réactions : "L'UNICE est formellement opposée à l'introduction dans le Traité de la Charte sociale ou de tout autre ensemble de droits sociaux fondamentaux ainsi qu'à l'idée selon laquelle l'Union [européenne] devrait accepter la Convention européenne sur les Droits de l'homme et les libertés fondamentales." [UNICE – 15/03/1996]

L'attitude de l'ERT fut plus décontractée : Richardson [ex-secrétaire général de l'ERT] ne sembla pas troublé par l'idée d'un chapitre sur l'emploi, qui serait toutefois "un gros gaspillage de temps. Si les politiciens trouvent importants d'avoir un chapitre où est mentionné le caractère souhaitable du plein-emploi, et si ils pensent que cela les aidera vis-à-vis de l'opinion publique, nous n'y voyons pas vraiment d'objection... [... A] condition, bien sûr, que cela reste, dans l'ensemble, en accord avec l'esprit du Traité", concéda-t-il" [11/03/1997]. Un tel cynisme peut s'expliquer par les connexions de la Table Ronde avec les politiciens du plus haut niveau : "Pas mal de dirigeants européens ont maintenant compris que ce chapitre est relativement insignifiant. Plusieurs Premiers ministres ont admis qu'ils n'allaient pas créer d'emplois."

Finalement, le nouveau traité comportait bien un chapitre sur l'emploi mais l'industrie s'est inquiétée pour rien puisque la conclusion stipule que "plus d'attention [devrait] être accordée à l'amélioration de la compétitivité européenne comme préalable à la croissance et à l'emploi." [...]

Le chapitre sur l'emploi est, en fait, centré sur la création de "petits boulots" flexibles n'offrant que peu de sécurité aux travailleurs. Les gouvernements de l'Union se sont entendus pour "travailler au développement d'une stratégie coordonnée pour l'emploi et plus particulièrement pour encourager l'apparition d'une main d'œuvre formée, qualifiée et adaptable à un marché du travail capable de réagir rapidement aux changements économiques." [Traité d'Amsterdam, article 109n] [...]

Et l'UNICE fut finalement tout à fait satisfaite du résultat : "Nous n'avons, au départ, voulu à aucun prix de chapitre sur l'emploi mais si nous devons en avoir un, alors celui-ci n'est pas trop mal." [26/06/1997] [...]

Ce programme est si clairement à l'avantage des industries et au détriment des travailleurs cherchant la sécurité de l'emploi que l'on comprend la satisfaction de Richardson quant au débat d'Amsterdam : "Ils ont parlé de l'emploi, le problème politique le plus important, avec une nette inclination pour les bonnes mesures : compétitivité, innovation, adaptabilité et flexibilité des marchés du travail." " (pp. 97 à 99 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Comment la directive sur le brevetage du vivant fut adoptée

" Alors que, en 1995, le même Parlement avait refusé une proposition pratiquement identique, ils sont parvenus à complètement renverser son attitude sur la Directive sur la protection juridique des découvertes biotechnologiques, qui fut adoptée à une écrasante majorité en 1998. [...]

La nouvelle réglementation permettra le brevetage de gènes, de cellules, de plantes, d'animaux, d'organes humains et d'embryons génétiquement modifiés ou clonés. [...] Qu'est-ce qui a retourné l'opinion d'un Parlement qui avait exercé en 1995 son droit de veto sur ces projets ? [...]

Pendant leur virulente campagne en faveur du brevetage du vivant, les industriels biotech murmurèrent les mots les plus doux à l'oreille des décideurs : "emploi", "croissance" et "compétitivité". Le brevetage du vivant allait aider les entreprises européennes et donc l'économie et les citoyens européens... un argument qui s'est avéré assez efficace pour faire basculer le vote du Parlement. [... Un rapport d'industriels] proclamait que la biotechnologie générerait trois millions d'emplois avant 2005. [...]

[Les] industriels de la chimie [indiquèrent] que la législation plus simple des USA offrait aux firmes américaines un avantage stratégique certain pour la domination du marché [...] et que, si le système de brevetage européen ne leur devenait pas plus favorable, ils se trouveraient dans [...] l'obligation de se séparer d'un grand nombre de leurs prétendus deux millions d'employés.

Le géant pharmaceutique SmithKline Beecham s'est montré l'un des plus agressifs supporteurs de la directive sur le brevetage, lançant sa propre campagne de pression [...]. Selon son lobbyiste Simon Gentry, la compagnie a consacré 20 millions de livres sterling (environ 200 millions de francs) à cette campagne. La firme a également très efficacement manipulé et instrumentalisé les groupements d'intérêts de malades [...]. SmithKline Beecham engagea [par ailleurs] l'ancien bras droit du président du Comité parlementaire pour l'Environnement. Ce qui lui ouvrit les portes du Parlement et lui permit d'avoir un aperçu des stratégies du mouvement écologiste.

Assurément, ce sont les malades eux-mêmes qui ont exercé le plus efficacement leur influence en faveur de la Directive [...]. Le jour du vote, en juillet 1997, s'adressant aux sentiments des députés, des personnes en chaises roulantes manifestèrent à Strasbourg devant le siège du Parlement, clamant le slogan de l'industrie pharmaceutique : "Pas de brevets, pas de remèdes".

Sensibles à la prise de position forte et unie des groupements d'intérêts de malades en faveur du brevetage du vivant, les parlementaires votèrent dans ce sens. Une enquête plus approfondie révéla cependant que ces manifestations ne reflétait pas l'opinion de la majorité des groupements d'intérêts de malades et que cette minorité non silencieuse était, dans une large mesure, soutenue et financée par des compagnies pharmaceutiques telles que SmithKline Beecham. [...]

Après le vote de 1997, [...] certains groupements de malades ont découvert qu'ils avaient été manipulés par l'industrie et ses lobbyistes [...]. Le Groupement d'intérêt pour la génétique rendit donc publique une lettre redéfinissant ses positions et réaffirmant son opposition au brevetage du vivant. Mais cette réaction survint trop tard pour renverser le vote du Parlement. " (pp. 127 à 132 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Le TABD (TransAtlantic Business Dialogue)

" Le Dialogue sur commerce transatlantique – qui réunit les plus importantes multinationales européennes et américaines – est né en 1995 d'une initiative commune de la Commission européenne [...] et du département américain du Commerce. [...]

On compte parmi les grandes firmes européennes membres du TABD et également membres ou ex-membres de l'ERT : Asea Brown Boveri, Bayer, Bertelsmann, Ericsson, ICI, Olivetti, Pirelli, Philips, Siemens, Solvay et Unilever ; chez les Américains figurent notamment Boeing, Enron, Federal Express, Ford, IBM, Motorola, Nokia, Pfizer, Procter & Gamble, Time Warner, Westinghouse et Xerox.

La conférence inaugurale du TABD eut lieu à Séville, en novembre 1995. [... Les conférences annuelles] rassemblent généralement plus d'une centaine de PDG de l'industrie ainsi que des ministres, des commissaires européens et autres officiels de haut niveau. [...]

L'objectif de cet organisme hybride est "la réalisation d'un vrai marché transatlantique grâce à la mise en place d'un plan d'action destiné à supprimer les obstacles opposés au commerce et à la libre circulation des investissements à travers l'Atlantique." [09/11/1996]

Un nombre impressionnant de recommandations – jusqu'à 80 % selon les officiels américains – sont reprises par les gouvernements européens et américains pour devenir des politiques officielles. " (pp. 154 à 156 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Le Groupe Bilderberg

" Le groupe Bilderberg est l'un des plus anciens et des plus impénétrables clubs internationaux dans lesquels de grandes multinationales jouent un rôle majeur pour l'élaboration des agendas. [...]

Aujourd'hui, 120 représentants environ de l'élite mondiale d'Amérique du Nord et d'Europe occidentale se rencontrent annuellement sous l'égide du groupe Bilderberg. [...De] nombreuses firmes telles que British American Tobacco, BP, Exxon, Ford, General Motors, IBM, Rio Tinto, Shell et Unilever [y] prennent part tous les ans. En 1997, le comité de direction se composait d'Etienne Davignon, ex-vice-président de la Commission européenne, actuel président de la Société Générale de Belgique (membre de l'ERT) et président de l'Association pour l'union monétaire en Europe ; de Peter Sutherland, ancien directeur du GATT, ex-commissaire européen, actionnaire de Goldman-Sachs International et PDG de BP ; de Renato Ruggiero, ancien directeur de l'OMC et membre du conseil d'administration de Fiat ; et de Percy Barnevik, PDG de Investor AB (membre de l'ERT). Henry Kissinger et le président de la Banque mondiale, James Wolfensohn, sont également membres de ce comité de direction. [...]

En 1973, les membres du groupe Bilderberg ont institué une Commission trilatérale qui se décrit elle-même comme le rassemblement de "335 personnes de marque" venues d'Europe, d'Amérique du Nord et du Japon. [...] Tout à fait logiquement, leur rencontre de 1999 aboutit [...] à la recommandation suivante : "L'Europe doit devenir plus compétitive en déréglementant les marchés du travail et en refondant ses systèmes encombrants d'assistance sociale." " (pp. 205 à 208 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Le Forum Economique Mondial

" Un [...] grand forum participe à l'élaboration d'un consensus élitaire et à son application : le Forum économique mondial [FEM] qui se tient tous les ans à Davos, en Suisse. Selon son propre argumentaire, chaque année, "1 000 dirigeants industriels de haut niveau, 250 dirigeants politiques, 250 experts universitaires de tous domaines et quelque 250 dirigeants de médias se rassemblent pour définir l'agenda mondial." Une "atmosphère unique" y est créée pour "faciliter "littéralement, des milliers de discussions privées" et permettre l'échange "d'informations utiles à la recherche de nouvelles opportunités industrielles, à l'évolution des relations internationales, aux avancées dans les processus socio-politiques les plus cruciaux et à la création de partenariats et d'alliances au niveau mondial." Ce forum prétend avoir joué un rôle directeur dans la mondialisation économique et la libéralisation des services financiers et être à l'origine du lancement de l'Uruguay Round du GATT qui aboutit finalement à l'OMC. " (p. 209 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Le Parlement européen répertorie les lobbyistes

" En 1997, le Parlement [européen] a institué l'obligation de répertorier les lobbyistes essayant de faire pression sur les parlementaires ainsi que quelques règles minimales pour influer sur leur comportement. Ces règles ont été quelque peu endurcies en mars 1999, obligeant les parlementaires à faire un rapport sur leurs emplois annexes ainsi que sur tout soutien, financier ou autre, reçu de l'extérieur. Un simple regard sur le registre pour la période de 1996 à 1998 révèle qu'un grand nombre de députés ne se sont pas exécutés et que ceux qui l'ont fait ont souvent négligé de tout déclarer. [...]

Les règles du Parlement européen sont finalement beaucoup moins rigoureuses que celle du Lobbying Disclosure Act américain, qui oblige les entreprises et les lobbies à produire, tous les six mois, un rapport concernant leurs dépenses liées aux activités de pression. Bien que cela n'ait réduit ni la pression exercée, ni l'influence des lobbyistes aux Etats-Unis, la transparence du milieu politique en a été améliorée de façon significative. " (p. 253 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Copinage – quelques citations 

" [Nous] avons tenu informé la Commission de façon régulière [au moment de la comparution du Japon devant l'OMC, suite à une plainte des Etats-Unis concernant Fuji], expliquait Laurentien Brinkhorst d'Edelman [l'agence de relations publiques qui représentait Fuji]. Ils ont beaucoup apprécié cela, car nous avions souvent les renseignements bien avant eux. " (p. 31 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

" L'accessibilité, c'est pouvoir téléphoner à Helmut Kohl pour lui recommander de lire un rapport. C'est aussi John Major téléphonant à l'ERT pour la remercier de ses points de vue ou bien déjeuner avec le Premier ministre suédois juste avant que la Suède ne se déclare sur sa candidature à la CEE. " Keith Richardson, ex-secrétaire général de l'ERT (p. 37 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

" Keith Richardson [ex-secrétaire général de l'ERT] raconte : "Nous avons envoyé à tous les chefs d'Etat un courrier officiel disant : "Lorsque vous vous rencontrerez au Sommet de Madrid, veuillez, s'il vous plaît, prendre une bonne fois pour toutes la décision de commencer l'Union monétaire à la date convenue à Maastricht et selon les critères convenus à Maastricht." Nous leur avons écrit. Nous leur avons demandé de faire cela. Et ils l'ont fait. " (p. 43 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

" Selon le [...] secrétaire général adjoint de l'ERT [Caroline Walcot], "[...] Une révolution interne s'est déroulée sous Delors. Elle [la Commission européenne] est maintenant moins bureaucratique. Elle est plus à l'écoute." [...] Les bonnes relations entre la Table Ronde et la Commission mises en place durant les dix ans de présidence de Jacques Delors se sont maintenues sous la présidence plus influençable encore de Jacques Santer. "Les relations sont bonnes parce que nous avons des intérêts communs sur de nombreux points, expliquait Richardson [ex-secrétaire général de l'ERT]. Dans l'ensemble, nos priorités sont les mêmes. Nous coopérons, nous débattons divers sujets avec la Commission et, de temps en temps, nous leur écrivons pour nous assurer qu'ils connaissent nos opinions. Et je pense qu'ils sont parfaitement au courant de nos préoccupations." " (pp. 44 et 45 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

" [...] Je tiens à dire à quel point il me semble important que la Commission [européenne] continue de recevoir [de la part de l'ERT] de telles idées "pionnières" et tournées vers l'avenir, qui peuvent réellement aider l'orientation des politiques à améliorer la compétitivité de l'Europe. " Courrier de David Wright, conseiller du président de la Commission européenne, Jacques Santer, à Keith Richardson, secrétaire général de l'ERT, le 10/10/1996 (p. 48 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

" Selon son ex-secrétaire général Zigmunt Tyszkiewicz, l'UNICE bénéficie [...] d'un accès régulier à la Commission : "Nous restons en contact. La Commission est une administration très ouverte, elle est très accessible. Et ils sentent que nous pouvons les aider." " – 18/03/1997 (p. 62 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

Etienne Davignon, président de l'AUME : " [...] Ce qui est important, c'est que nous avons toujours été considérés comme très utiles par la Commission. Ainsi, d'ailleurs, que par les divers Etats membres qui ont tous, à présent, mis en place des groupes techniques pour traiter ce type de problèmes. Ils demandent toujours que des représentants de l'AUME y assistent. " – 20/02/1997 (p. 81 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

Bertrand de Maigret, secrétaire général de l'AUME : " Ils nous appellent, nous les appelons, nous les voyons, nous discutons des problèmes. Ils sont très souples. Je ne fais pas partie de ceux qui critiquent l'administration de la Commission [européenne]. Ils sont très ouverts au dialogue, au moins en ce qui concerne le monétaire. " – 11/03/1997 (p. 83 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

Etienne Davignon, président de l'AUME : " Ils [les gouvernements nationaux] se rendent avec plaisir à nos assemblées générales dans divers pays. Les Premiers ministres viennent généralement pour y intervenir et les directeurs de banques centrales sont également présents. " – 20/02/1997 (p. 83 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

Stephen Johnston, directeur européen du TABD : " il existe un contact [...] presque quotidien" avec les officiels de la Commission européenne. "Les deux travaillent ensemble, se montrent mutuellement leurs rapports et commencent à développer une relation. C'est permanent. Les informations et les propositions circulent bien et cela permet un dialogue positif et structuré. La Commission se montre coopérative et aide l'industrie en lui fournissant les informations dont elle a besoin. Mais c'est bien l'industrie qui, en fin de compte, donne ses recommandations. " – 26/01/1999 (p. 160 du livre Europe inc. – Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens par l'Observatoire de l'Europe industrielle [Belén Balanyá, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit et Erik Wesselius] – 2000 – Agone Editeur – 125 F) 

 

 

Quelques personnes ayant un pied dans les institutions européennes (ou internationales) et un pied dans l'industrie 

-Alan Watson est président européen du cabinet-conseil Burson-Marstaller. Il a été fonctionnaire de la Commission européenne. (p. 29),

-Peter Sutherland est un ancien membre de la Commission européenne et un ancien directeur du GATT. Il est l'actuel président de BP et de Goldam Sachs International Associate (p. 35),

-Etienne Davignon est un ex-vice-président de la Commission européenne. Il est actuellement président de la Société Générale de Belgique et président de l'AUME (p. 206),

-Stelios Argyros est un ex-vice-président de l'Union des patrons européens (UNICE) et membre du Parlement européen (p. 208),

-Renato Ruggiero est ancien directeur de l'OMC et membre du conseil d'administration de Fiat (p. 206).

 

 

 

 

 

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