LE TERRORISME ALIMENTAIRE

(extraits de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard – 208 pages – 17,50 euros)

 

 

 

 

 

 

En résumé…

" Ce livre est une véritable dénonciation de la stratégie que mènent les grandes firmes internationales de l'agroalimentaire – Monsanto ou Novartis – dans le cadre de cette fameuse "mondialisation" promue par l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Elles prétendent remplir une mission humanitaire – nourrir les masses affamées du tiers-monde –, alors qu'en réalité, elles visent à imposer à tous les pays l'achat obligatoire de leurs produits (semences obtenues par sélection traditionnelle ou par génie génétique – voire stériles selon la logique du projet Terminator –, herbicides, pesticides...).

Les moyens de cette politique : pousser les pays du Sud à développer une agriculture intensive de produits de luxe (coton, tabac, fleurs ou fruits) pour les pays du Nord afin de permettre à ces derniers d'écouler leur surproduction céréalière ou laitière.

En prenant des exemples en Inde, mais aussi au Mexique, aux Philippines, au Kenya... ; l'auteur montre les ravages que provoque ce système sur le plan économique, social ou écologique : dépendance alimentaire des pays du tiers-monde, effondrement des modes de production agricole durables, ruine de milliers de petits paysans, grave diminution de la variété des plantes cultivées, pollution de la terre et des eaux... " (au dos du livre Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

L'auteure

" Vandana Shiva est la grande voix du Sud contre la mondialisation néolibérale. A 22 ans, elle s'engage dans un mouvement de lutte contre la déforestation sauvage. En 1990, elle fonde l'organisation Navdanya qui milite pour la biodiversité et contre les OGM et la brevetabilité du vivant. En 1993, elle reçoit le prix Nobel Alternatif. Scientifique, elle dirige également la Research Fondation for Science. " (au dos du livre Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Table des matières

· Les ressources alimentaires mondiales confisquées · L'impérialisme du soja et l'anéantissement des modes d'alimentation locaux · Le vol des richesses de la mer · Vaches folles et vaches sacrées · L'accaparement des semences · Le génie génétique et la sûreté de l'approvisionnement alimentaire · La reconquête de la démocratie alimentaire

 

 

Quelques chiffres

Inde. " un paysan sur quatre dans le monde est indien " (p. 15)
" 75% de la population indienne tire ses moyens d'existence de l'agriculture " (p. 15)

Firmes. " Aujourd'hui, dix firmes contrôlent 32% du marché des semences commercialisées – marché évalué à 23 milliards de dollars. Ces mêmes dix firmes contrôlent 100% du marché des semences génétiquement modifiées. Elles dominent également le commerce mondial des produits agrochimiques et des pesticides. " (p. 19)

Soja. " Les Etats-Unis sont le plus gros producteur mondial de graines de soja. [... Cette plante] occupe 26% de la superficie de ses terres. [...] Le soja entre dans la composition de 80% des produits alimentaires d'origine industrielle " (p. 48)

Biodiversité. " Il existe aujourd'hui sur la planète de 250 à 300 000 espèces de plantes, dont 10 à 50 000 sont comestibles ; 7 000 espèces ont été cultivées et utilisées comme aliments. De nos jours, seulement 30 espèces fournissent 90% des calories ingérées par les êtres humains. " (p. 121)

Plantes transgéniques. " Au niveau mondial, 40% des terres cultivées en plantes transgéniques sont consacrées au soja, 25% au maïs, 13% au tabac, 11% au coton, 10% au colza, 1% à la tomate et à la pomme de terre. " (p. 159)

 

 

De la famine de 1943 à aujourd'hui

" Plus de 3,5 millions de personnes sont mortes au Bengale lors de la famine de 1943 [...]. Plus d'un cinquième de la production nationale de l'Inde fut détourné afin de soutenir l'effort de guerre des Britanniques. Les paysans affamés du Bengale furent dépouillés de plus des deux tiers de la nourriture qu'ils avaient produite. [...] En définitive, les pauvres du Bengale payèrent la guerre menée par l'Empire britannique sous la forme d'une famine et d'une "ruine en série des paysans [...]".

Les paysans ruinés convergèrent sur Calcutta. Des milliers de femmes sans ressources se prostituèrent. Des parents commencèrent à vendre leurs enfants. [...]

Un demi-siècle après la famine du Bengale, un nouveau système ingénieux a été mis en place, qui rend encore une fois légal le vol des richesses fournies par la nature, tout en qualifiant de délit le fait de vouloir les garder. Derrière des traités complexes sur le libre-échange se cachent, en effet, de nouvelles façons de voler ces richesses naturelles que sont les semences et les aliments. " (pp. 13 à 15 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Les transnationales dépossèdent les paysans de leurs propres innovations

" Depuis des siècles, les paysans du tiers monde obtiennent des variétés nouvelles et nous procurent cette diversité de plantes cultivées qui est la base de notre alimentation. Les paysans indiens ont ainsi sélectionné, au fil des siècles, deux cent mille variétés de riz [...]. Ils ont obtenu une variété qui atteint cinq mètres de haut dans les plaines inondées par le Gange, et une autre supportant l'eau salée, capable de croître le long des côtes. [...]

Mais, au nom de nouveaux droits de propriété intellectuelle, qui sont en train d'être appliqués au monde entier par le biais de l'Organisation mondiale du commerce [...], les firmes sont autorisées à usurper les savoirs accumulés sur les semences et à les monopoliser en les revendiquant comme leur propriété privée. [...]

Une firme américaine telle que RiceTec revendique des droits sur le riz basmati. Le soja, qui est originaire de l'est de l'Asie, a fait l'objet d'un brevet de la part de Calgene, une firme de biotechnologie dont Monsanto est maintenant propriétaire. Calgene possède aussi des droits sur la moutarde, une plante originaire de l'Inde. Les agriculteurs et les paysans sont en train d'être dépossédés des produits de siècles d'innovation collective, à mesure que des entreprises affirment leur droit de propriété sur ces semences et ces plantes. " (pp. 16 et 19 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 Sur ce thème de la bio-piraterie, cf. un article sur les bio-pirates américains au Chiapas en cliquant ici

 

 

Le Nord écoule sa surproduction au Sud
...et les économies du Sud s'effondrent

" [...] un énorme flux alimentaire [s'écoule] des Etats-Unis et de l'Europe en direction du tiers monde. En conséquence de l'Accord de libre-échange nord-américain, la proportion de produits alimentaires importés au Mexique est passée de 20% en 1992 à 43% en 1996. Dix-huit mois après la signature de cet accord, 2,2 millions de Mexicains ont perdu leur emploi, et 40 millions sont tombés dans l'extrême pauvreté. [...] Comme l'a déclaré Victor Suares Carrera [président de l'Association nationale des paysans producteurs de maïs du Mexique] : "Manger à moindre coût grâce aux importations signifie ne pas manger du tout pour les pauvres du Mexique."

Aux Philippines, les importations de sucre ont fait s'effondrer l'économie. Dans l'Etat du Kerala, en Inde, de prospères plantations de caoutchouc ont cessé d'être viables à la suite d'importations de ce matériau. La production locale de caoutchouc, qui injectait 350 millions de dollars dans l'économie du Kerala, s'est effondrée, privant cette dernière de 3,5 milliards de dollars supplémentaires par effet de cascade. Au Kenya, les importations de maïs ont fait chuter massivement les prix payés aux agriculteurs locaux, qui dès lors n'ont même pas pu couvrir leurs frais de production.

En Inde, l'agriculture est tombée sous le coup de la libéralisation commerciale à partir de 1991, lorsque la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont demandé que soit réalisé un ensemble d'ajustements structurels. [...] Le coton a commencé à remplacer les cultures alimentaires. Les firmes ont lancé des campagnes publicitaires agressives, au moyen, par exemple, de vidéos transportées en fourgonnettes de village en village, afin de vendre leurs nouvelles semences hybrides aux agriculteurs. [...] Les semences hybrides ont commencé à remplacer les variétés locales des agriculteurs.

Plus fragiles, cependant, elles exigeaient davantage de pesticides. Les agriculteurs très pauvres achetèrent à crédit, aux mêmes firmes, à la fois les semences et les substances chimiques en question. Lorsque les cultures périclitèrent en raison d'une infestation massive ou parce que les semences n'avaient pas levé sur une large échelle, de nombreux paysans se suicidèrent en avalant ces mêmes pesticides pour lesquels ils s'étaient endettés. Dans le canton de Warangal, près de quatre cents cultivateurs de coton se sont suicidés, leurs cultures n'ayant absolument rien donné en 1997 [...]. " (pp. 20-21 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Exportation de produits de luxe
Et importation de produits alimentaires

" Simultanément, tous les pays du tiers monde sont incités à produire ces [...] biens d'exportation de luxe que sont les fleurs, les fruits, les crevettes et la viande. [...]

Selon l'idéologie classique du libre-échange, [...] les gains réalisés grâce aux exportations de crevettes, de fleurs et de viande devraient permettre de financer les importations de nourriture. [...]

Mais produire des fleurs, des crevettes ou de la viande pour les exportations n'est pas une stratégie économique viable pour un pays tel que l'Inde. Ainsi, l'Inde a dépensé 1,4 milliard de roupies en 1998 pour promouvoir les exportations de la floriculture, mais elle n'a gagné, ce faisant, que 320 millions de roupies [Business India, mars 1998]. En d'autres termes, l'Inde ne peut acheter, avec les gains de l'exportation de la floriculture, qu'un quart de la nourriture qu'elle aurait pu se procurer en affectant la même somme à l'achat d'aliments produits localement. Notre capacité d'approvisionnement alimentaire a donc décliné de 75%, et le déficit de nos paiements à l'extérieur s'est accru de plus d'un milliard de roupies. [Vandana Shiva développe ensuite les cas des exportations de viande et de crevettes...]

Puisque la Banque mondiale incite tous les pays à donner la priorité à la production de biens d'exportation plutôt qu'à celle de biens alimentaires destinés à la consommation intérieure, tous se font concurrence et le prix de ces produits de luxe ne cesse de baisser. Par ailleurs, la libéralisation du marché s'accompagne de réformes économiques comprenant la dévaluation des monnaies. Par suite, les exportations rapportent moins et les importations coûtent plus cher. [... Le] processus de la mondialisation conduit à une situation dans laquelle les pays agricoles du Sud deviennent de plus en plus dépendants des importations alimentaires, mais ne disposent pas des devises nécessaires pour payer les produits alimentaires importés. " (pp. 27 à 30 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

L'agriculture écologique

" En agriculture écologique, les techniques et la production se fondent sur une complémentarité entre les plantes cultivées et les animaux d'élevage. Les rebuts et sous-produits des uns constituent des aliments pour les autres, en parfaite réciprocité. Les sous-produits des plantes cultivées nourrissent le bétail, et les excréments de ce dernier nourrissent les sols qui alimentent les plantes cultivées. [...] Les plantes cultivées procurent donc de la nourriture aux êtres humains, aux animaux et aux nombreux organismes vivant dans les sols. Ceux-ci hébergent, en effet, des millions de micro-organismes qui travaillent et augmentent leur fertilité. Les bactéries se nourrissent des fibres de cellulose constitutives de la paille que les agriculteurs laissent sur le sol. Dans chaque hectare, de 100 à 300 kilos d'amibes se nourrissent de ces bactéries, de sorte que le carbone de la cellulose devient assimilable par les plantes. [...] Dans chaque hectare figurent une à deux tonnes de microchampignons et de membres d'une microfaune constituée d'arthropodes, de mollusques et de rongeurs. Ceux-ci, en creusant des galeries dans les champs, aèrent le sol et améliorent sa capacité à retenir l'eau. Les araignées, les mille-pattes et les insectes assimilent la matière organique qui se trouve à la surface du sol et laissent derrière eux des excréments qui le fertilisent.

Les sols enrichis par le fumier des animaux de ferme contiennent de deux à deux et demi fois plus de vers de terre que les sols ne recevant pas de fumier. Les vers de terre contribuent à fertiliser les sols en entretenant leur structuration, en assurant leur aération, en facilitant leur drainage et en leur incorporant des matériaux organiques qu'ils ont broyés et décomposés. Selon Charles Darwin, "on peut se demander si beaucoup d'autres animaux ont joué un rôle aussi important dans l'histoire des êtres vivants".

Le petit ver de terre qui travaille de façon invisible dans le sol opère véritablement tout à la fois comme tracteur, comme une usine à engrais et comme un agent de rétention d'eau. [...] En bougeant constamment au sein des sols, les vers de terre les aèrent, accroissant leur contenu en air (jusqu'à 30% de plus). [...] Les rejets des vers de terre, pouvant représenter jusqu'à 90 tonnes par hectare et par an, contiennent du carbone, de l'azote, du calcium, du magnésium, du potassium, du sodium et du phosphore, ce qui stimule l'activité microbienne essentielle à la fertilité des sols.

Les techniques d'élevage industriel privent ces organismes de leurs sources de nourriture et, au contraire, les agressent par des composés chimiques. Elles détruisent donc la riche biodiversité présente dans les sols, et avec elle la base du renouvellement de leur fertilité. " (pp. 95-96 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

L'élevage industriel

" Dans un système d'agriculture mettant en pratique la notion de complémentarité, le bétail mange ce que ne mangent pas les êtres humains. Il se nourrit de la paille des céréales ainsi que de l'herbe des pâturages et des bordures de champs. Mais le modèle d'agriculture mis en pratique par l'élevage industriel repose sur la notion de concurrence : des céréales sont détournées de la consommation humaine au bénéfice de l'alimentation intensive du bétail. Il faut deux kilos de grains pour produire un kilo de volaille, quatre pour un kilo de porc, huit pour un kilo de bœuf. [...] Le passage d'un mode d'élevage intégré, fondé sur la coopération, à un autre, éclaté, fondé sur la concurrence, conduit à augmenter la demande en terres et en grains, deux ressources déjà fortement sollicitées. " (pp. 97-98 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

" Globalement, les animaux d'élevage accaparent près de 40% de la production totale de grains mondiale. Aux Etats-Unis, près de 70% de la production de grains sert à nourrir le bétail. " (p. 110 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Vaches folles et vaches sacrées

" En Inde, les vaches sont considérées comme sacrées depuis des siècles : elles incarnent Lakshmi, la déesse de l'Abondance, mais aussi le cosmos dans lequel résident tous les dieux et déesses. [...]

En se nourrissant des résidus des récoltes et de l'herbe qui pousse sur des terres non cultivées, les bovins indigènes n'entrent pas en concurrence avec les êtres humains pour l'alimentation ; au contraire, ils fournissent des engrais organiques aux champs et augmentent ainsi la productivité alimentaire. [... Chaque] année, les bovins indiens donnent 700 millions de tonnes d'excréments pouvant faire l'objet d'une récupération : la moitié est utilisée comme combustible, et fournit une énergie thermique équivalant à celle que donneraient 27 millions de tonnes de kérosène [...]. L'autre moitié est utilisée comme engrais.

Les deux tiers des besoins en énergie des villages indiens sont couverts par le combustible que fournissent les bouses de 80 millions de bovins appartenant aux petits paysans [...]. S'il fallait remplacer l'énergie fournie par ces animaux à l'agriculture, l'Inde devrait dépenser environ un milliard de dollars par an en essence. En ce qui concerne les autres produits dérivés du bétail, qu'il suffise de préciser que l'exportation des cuirs bruts, peaux et autres articles (issus des animaux ayant péri de maladie ou de vieillesse) rapporte chaque année 150 millions de dollars.

Cependant, ce système de production alimentaire extrêmement efficace, fondé sur les multiples usages du bétail, a été démantelé au nom de la productivité et du développement. [... Et alors que la maladie de la vache folle] sonne le glas de l'élevage bovin sur le mode non durable en Angleterre, on est en train d'envoyer les "vaches sacrées" de l'Inde à l'abattoir, sous prétexte de s'aligner sur les chiffres d'exportation et de consommation de viande des pays "développés". " (pp. 89 à 93 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

" [... Et] tandis que les exportations de viande rapportent à l'Inde 10 millions de roupies, l'anéantissement de la richesse animale lui en coûte 150 millions. " (p. 106 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Le massacre des chalutiers industriels

" Les chalutiers industriels qui pêchent la crevette sont capables de balayer un kilomètre carré de fond de mer en dix heures, et l'on estime que 150 000 tortues de mer périssent chaque année dans les filets des grands chalutiers. [...]

Les chalutiers industriels emploient des filets capables de cueillir des bancs entiers de poissons, dont beaucoup n'ont pas de valeur commerciale [...]. Ceux qui ne sont pas consommés, ou qui n'ont pas la bonne taille pour être vendus ou empaquetés selon les normes, sont tués et rejetés à la mer. [...]

Selon The Ecologist, on estime la masse de ces "rebuts" à un minimum annuel de 27 millions de tonnes, ce qui équivaut à près d'un tiers de la totalité des poissons de mer ramenés au sol dans les pêcheries industrielles du monde entier. [...]

A l'échelle mondiale, on estime que la pêche au chalut des crevettes grises et roses est la forme de pêche qui engendre la plus grande quantité de "rebuts" [...]. Dans le cadre de certaines pêches à la crevette, jusqu'à 15 tonnes de poissons sont rejetées par-dessus bord pour chaque tonne de crevettes débarquée. [...]

Au regard des emplois qu'elles suppriment, de leur impact négatif sur la diversité des espèces et de leur incapacité à s'inscrire dans la perspective d'un développement durable, les techniques de pêche industrielle, qui visent à maximiser le rendement commercial à court terme, sont critiquables. [... L']Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture [...] reconnaît à présent qu'environ 70% des réserves mondiales de poisson sont "épuisées" ou "presque épuisées" [...]. " (pp. 61 à 63 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

L'aquaculture industrielle :
une solution au problème de l'épuisement des ressources naturelles ?

" S'il est vrai que 75% du poisson consommé actuellement dans le monde provient de la pêche des espèces sauvages dans les écosystèmes naturels, l'élevage industriel des poissons et des crustacés (ou aquaculture) est, dans l'économie marine, le secteur d'activité qui croît le plus vite [...]. " (p. 59 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

" Et comme dans le cas de la production des céréales, l'aquaculture industrielle consomme plus de ressources qu'elle n'en produit. Selon l'économiste John Kurien, en 1998, l'aquaculture des crevettes au niveau mondial a consommé 1,8 million de tonnes d'aliments à base de poisson [...]. On estime en outre qu'à compter de l'année 2000, l'Asie produira 5,7 millions de tonnes de poissons élevés en aquaculture. Pour nourrir ces derniers, il faudra leur fournir environ 1,1 million de tonnes d'aliments, provenant d'une masse stupéfiante de poisson frais : 5,5 millions de tonnes, soit près du double de la masse de poissons pêchés en Inde aujourd'hui. [...]

Cela montre bien à quel point est illogique l'argument de la Banque mondiale selon lequel l'aquaculture [...] permettra de réduire la pression sur les ressources marines. " (pp. 68-69 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Poissons transgéniques

" Environ cinquante laboratoires de par le monde sont en train de faire des recherches sur les poissons transgéniques, afin d'augmenter leur vitesse de croissance et leur tolérance au froid. [...]

Tandis que certains vantent le génie génétique comme un moyen d'accroître la production de poissons, à l'instar de l'aquaculture, il pourrait bien conduire en fait à l'épuisement des ressources en poissons, à cause des risques écologiques qu'il entraîne. Par exemple, les poissons transgéniques à croissance rapide sont susceptibles de requérir davantage de nourriture afin de grossir à un rythme plus soutenu. Les poissons transgéniques dotés de gènes "antigel" – pour pouvoir tolérer une eau de mer plus froide que ne le peuvent leurs congénères non modifiés – pourraient prendre la place d'autres espèces. [...]

Les poissons transgéniques, s'ils étaient libérés dans l'environnement, pourraient faire s'effondrer les écosystèmes aquatiques en prenant pour proies des espèces sauvages et en supplantant d'autres espèces. [C'est d'ailleurs ce que l'on a déjà pu constater lors de l'introduction de poissons exotiques dans les écosystèmes naturels. Par exemple, entre] 1968 et 1975, la crevette opossum a été introduite dans plusieurs lacs en amont du lac Flathead, afin d'augmenter les ressources alimentaires offertes au saumon de la variété Kakonee. Mais c'est le contraire qui s'est produit. La crevette s'est révélée un prédateur vorace de zooplancton, qui est une source importante de nourriture pour ce saumon. Les populations de zooplancton ont décliné par rapport à leur niveau antérieur, et les prises de saumon ont brusquement chuté. Avant 1985, on capturait 100 000 saumons par an. On en a pêché 600 en 1987, et aucun en 1989.

Ainsi, la libération dans l'environnement de poissons génétiquement modifiés [...] pourrait se révéler désastreuse sur le plan [...] écologique. " (pp. 80 à 82 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Monsanto, Novartis et Aventis

" Monsanto [...] domine aujourd'hui un vaste secteur de l'industrie des semences. [...] On estime qu'entre 25 et 30% des superficies cultivées en maïs aux Etats-Unis sont plantées au moyen de semences fournies par Holden Seeds [propriété de Monsanto depuis 1997].

Monsanto [assure également] une position très largement dominante sur le marché américain des semences de coton (85%) ainsi qu'une bonne position dans le monde en ce qui concerne la culture industrielle de cette plante. [...]

Parallèlement à Monsanto, il existe deux autres grands acteurs dans le secteur de la production et de la distribution des semences, des pesticides, des aliments, des produits pharmaceutiques et vétérinaires : Novartis [...] et Aventis [...]. " (pp. 123 à 125 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

La logique Terminator (de Monsanto)

" En mars 1998, le ministère américain de l'Agriculture et l'entreprise Delta and Pine Land [rachetée par Monsanto] annoncèrent qu'ils avaient mis au point et breveté ensemble un nouveau procédé biotechnologique appliqué à l'agriculture, innocemment appelé "Contrôle de l'expression des gènes". La technique ainsi brevetée permet de créer des semences stériles, en programmant sélectivement l'ADN des plantes de façon que celles-ci tuent leurs propres embryons. Le brevet s'applique à toutes les plantes et semences de toutes les espèces [...].

Que donne, concrètement, l'application de cette technique ? Si les agriculteurs essaient, lors de la moisson, de sauvegarder des graines issues de ces plantes pour servir de semences, la génération suivante ne se développera pas. [...] Ainsi, les agriculteurs seront obligés de racheter chaque année de nouvelles semences aux firmes productrices. Plusieurs groupes, dont la Fondation internationale pour le progrès rural, ont baptisé cette technique "technologie Terminator", et affirment qu'elle menace l'indépendance et la sûreté de l'approvisionnement alimentaire de plus d'un milliard de paysans pauvres des pays du tiers monde. [...]

Actuellement, les biologistes moléculaires examinent s'il existe un risque que la "fonction Terminator" s'échappe du génome des plantes cultivées dans lequel elle a été intentionnellement introduite, et se propage par le biais de la pollinisation aux plantes cultivées des alentours ou aux plantes sauvages apparentées dans les champs voisins. [...]

D'après les estimations de [la Fondation internationale pour le progrès rural], le marché des semences "Terminator" et apparentées pourrait représenter, en 2010, 80% ou plus du marché mondial des semences, pour une valeur de 20 milliards par an. [...]

A la suite de protestations internationales, Monsanto a annoncé en octobre 1999 qu'elle abandonnait son projet de commercialiser la technologie Terminator. " (pp. 125 à 129 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Monsanto et sa police veillent au grain

" Le système pervers des droits de propriété intellectuelle [...] est en train de transformer en délits les pratiques traditionnelles des paysans qui répondent pourtant aux impératifs moraux les plus élevés : sauvegarder une partie des graines récoltées en tant que semences et échanger celles-ci avec les voisins. [...]

En 1998, Monsanto loua les services des détectives de l'agence Pinkerton [l'une des plus cotées aux Etats-Unis] pour harceler plus de 1 800 agriculteurs et négociants en semences dans tous les Etats-Unis : ils repérèrent 475 cas d'"utilisation illégale de semences" potentiellement passibles de poursuites en justice. Des agriculteurs du Kentucky, de l'Iowa et de l'Illinois, pratiquant la sauvegarde de graines issues de leur récolte pour en faire des semences, furent condamnés à payer chacun une amende de 35 000 dollars à Monsanto. [...]

Il faut, enfin, mentionner le cas le plus dramatique de poursuites judiciaires contre des agriculteurs : celui de Percy Schiemer, de la province du Saskatchewan, au Canada. Monsanto l'a traîné en justice pour avoir sauvegardé des graines sur sa récolte alors qu'il n'avait pas acheté de semences à la firme. En fait, ses champs ont été envahis par du colza Roundup Ready de Monsanto. Le pollen de cette variété est en train de se disséminer dans toutes les plaines canadiennes. Mais, au lieu de dédommager Schiemer pour la pollution biologique qu'elle fait subir à ses terres, la firme américaine lui intente un procès pour avoir "dérobé" son bien.

Monsanto subventionne également une ligne téléphonique sur laquelle les agriculteurs peuvent appeler gratuitement pour dénoncer leurs voisins. " (pp. 138 et 142 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Monsanto veut nourrir le monde

" "Nourrir le monde" est le slogan numéro un de l'industrie biotechnologique. En 1998, lors d'une campagne massive en Europe qui lui a coûté 1,6 million de dollars, Monsanto a fait paraître le texte publicitaire suivant :

S'inquiéter des risques de famine encourus par les générations futures ne leur donnera pas de quoi à manger. Les biotechnologies appliquées à la production alimentaire, elles, les nourriront. [...]

Chez Monsanto, nous pensons que les biotechnologies appliquées à la production alimentaire représentent une meilleure solution d'avenir. Nos semences biotechnologiques possèdent des gènes bénéfiques d'origine naturelle, qui ont été intégrés à leur patrimoine génétique pour rendre les plantes cultivées résistantes, par exemple, aux insectes et aux autres parasites.

Les conséquences sont gigantesques pour ce qui concerne le développement durable de la production alimentaire : on utilisera moins de produits chimiques dans les cultures, ce qui évitera à des ressources menacées de se raréfier. [...]

De façon ironique, Monsanto réalise la plus grande partie de ses gains dans la vente de produits chimiques. [...] Cette entreprise essaie de dissimuler ce fait en décrivant les produits agrochimiques qu'elle vend, tels le Roundup et les produits apparentés, comme des produits "agricoles" et non pas comme des produits chimiques. " (pp. 146-147 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Les herbicides et les plantes résistantes aux herbicides :
le cas du Roundup de Monsanto

" La mise au point de plantes cultivées résistantes aux herbicides ou aux parasites représente plus de 80% des recherches en biotechnologie. [...] Les variétés de plantes résistantes aux herbicides représentent 71% des applications du génie génétique. Par ce choix, les firmes espèrent augmenter à la fois leurs ventes de semences et celles de produits chimiques. [...]

L'herbicide Roundup de Monsanto est le produit agricole "phare" de cette firme. Selon cette dernière, cet herbicide [...] détruit "toutes les mauvaises herbes, partout et économiquement". Or il n'est pas sélectif, et ne fait pas la distinction entre les mauvaises herbes et les plantes cultivées ou celles ayant des propriétés intéressantes. " (p. 149 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard) 

" Dans l'agriculture indienne, les femmes utilisent jusqu'à 150 espèces différentes de plantes (que l'industrie biotechnologique appellerait des mauvaises herbes) en tant que remèdes médicinaux, aliments ou fourrage. Pour les plus pauvres, cette biodiversité représente la plus importante des ressources économiques qui leur permettent de survivre. [...] On peut citer aussi le cas d'un village tanzanien ayant fait l'objet d'observations scientifiques, où plus de 80% des plats de légumes sont préparés à partir de plantes non cultivées. [...] Puisque la biodiversité et les polycultures sont le moyen le plus efficace de préserver les sols, d'économiser l'eau et de limiter la propagation des ravageurs et des mauvaises herbes, les technologies du type Roundup Ready mettent, en fait, directement en question la sûreté de l'approvisionnement alimentaire mondial et les équilibres écologiques. " (pp. 160-161 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard) 

 

 

Le mythe de l'accroissement des rendements

1. " Marc Lappé et Britt Bailey rapportent dans leur livre Against the Grain (Contre l'industrie céréalière) que le soja résistant aux herbicides donne de 90 à 95 boisseaux de grains à l'hectare, tandis que le soja ordinaire, désherbé par labourage, donne 95,5 boisseaux à l'hectare. " (p. 152 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard) 

2. " Bien que la campagne publicitaire de Monsanto en Inde ait fait état d'un accroissement de 50% des rendements pour son coton Bollgard [capable en principe de résister aux chenilles parasitant le cotonnier], une enquête menée par notre Fondation de recherche pour la science [...] a constaté que [... les] rendements de la variété de coton hybride locale et ceux de la variété Bollgard étaient plus ou moins les mêmes. " (p. 153 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard) 

3. " [En] 1998, le Conseil d'arbitrage sur les semences du Mississippi a promulgué le jugement suivant : en 1997, le coton Roundup Ready de Monsanto n'a pas donné les performances annoncées, et le Conseil a ordonné que la firme verse près de 2 millions de dollars à trois producteurs de coton qui avaient subi de sérieuses pertes de récolte. " (p. 153 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard) 

4. " Sur la base de 8 200 essais de culture du soja effectués en 1998 dans des centres de recherche universitaires, on a constaté que les variétés les plus productives de soja Roundup Ready donnaient 11,5 boisseaux par hectare, soit 6,7% de moins que les meilleures variétés conventionnelles. " (p. 174 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

Ces données sont confirmées par ailleurs. Ainsi, dans un article de Greenpeace Magazine n°56 de l'hiver 2002, on peut lire (p. 15) :

" Un rapport de la Soil Association, association britannique de promotion de l'agriculture biologique, fait le point sur six années de culture de plantes transgéniques en Amérique du Nord. Le bilan agronomique et économique est désastreux : rendements décevants, en particulier pour le soja Roundup Ready, inférieurs en moyenne de 6 à 11% par rapport aux variétés conventionnelles [...]

Ces données sont confirmées par le Département américain de l'Agriculture. On peut par exemple lire dans un rapport de mai 2002 [Adoption of bioengineered crops / AER 810, Economic Research Service, UDA, May 2000] : "Les plantes transgéniques disponibles sur le marché n'augmentent pas le rendement potentiel de ces variétés" ou "le retour financier apparaît mitigé voire négatif". "

 

 

Le mythe de la réduction des coûts

" Cultiver des plantes transgéniques coûte plus cher que de cultiver des plantes classiques, car le prix des semences est plus élevé, il faut acquitter des "taxes technologiques" et il faut recourir à davantage de produits chimiques. [...] On estime que cultiver du coton Bollgard coûte aux agriculteurs indiens presque neuf fois plus cher que de cultiver des variétés classiques. [...]

Cet accroissement des coûts peut pousser les agriculteurs à la faillite et même au suicide. Ainsi, la mauvaise récolte de coton hybride en 1998 dans l'Etat d'Andhra Pradesh, due aux ravageurs, a été suivie de suicides d'agriculteurs qui s'étaient exagérément endettés [...]. " (pp. 154-155 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard) 

 

 

Pas de risque pour la santé ?

" On entend souvent dire qu'aucune conséquence néfaste n'a été observée sur plus de cinq cents essais de culture expérimentale de plantes transgéniques, aux Etats-Unis. En 1993, pour la première fois, les chiffres du ministère américain de l'Agriculture concernant les essais dans les champs ont été examinés, pour voir s'ils confirmaient ces assertions sur l'absence de tout risque. L'Union des scientifiques responsables (Union of Concerned Scientists), qui a réalisé cet examen, a constaté que [...] la plupart des rapports ne mentionnaient même pas les risques écologiques (et donc envisageaient encore moins de les mesurer). Parmi ceux qui y faisaient allusion, la plupart ne rendaient compte que d'examens visuels des champs cultivés [...]. L'Union des scientifiques responsables a estimé, en définitive, que les affirmations du type "Rien à signaler" ne pouvaient être tenues pour concluantes [et] a formulé cette mise en garde : "Il faut être très circonspect, quand on déclare que les observations faites sur le terrain montrent à l'évidence que les plantes transgéniques ne font courir aucun risque."

[... En effet, il est à] craindre que [les] "gènes marqueurs" ne se répandent dans les populations humaines et ne viennent ainsi y accentuer le développement de la résistance aux antibiotiques. [...]

Lorsqu'on consomme des produits issus de ces plantes transgéniques, l'ADN étranger qui y a été introduit peut être brisé en petits fragments et ceux-ci peuvent pénétrer dans la circulation sanguine. On a longtemps pensé que l'intestin humain était plein d'enzymes capables de dégrader totalement l'ADN. Mais au cours d'une étude visant à examiner la capacité de survie d'ADN viral dans l'intestin de souris, on a mis dans la nourriture de ces animaux de l'ADN provenant d'un virus bactérien. On a alors constaté que des fragments de cet ADN survivaient au passage dans l'intestin et pénétraient dans la circulation sanguine. Des études supplémentaires ont montré que l'ADN ainsi ingéré pouvait se retrouver finalement dans la rate et dans les cellules du foie, aussi bien que dans les globules blancs du sang [New Scientist, 4 janvier 1997].

Dans l'intestin, des vecteurs transportant des "marqueurs" de résistance aux antibiotiques peuvent être aussi captés par les bactéries qui y vivent, et celles-ci pourraient alors servir de réservoir de gènes de résistance aux antibiotiques, disponibles pour des bactéries pathogènes. On a déjà démontré que de tels transferts de gènes entre bactéries vivant dans l'intestin sont possibles chez la souris, le poulet et l'homme. " (pp. 155 à 157 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Le risque des "super-mauvaises herbes"

" Les plantes résistantes aux herbicides [...] pourraient [...] déterminer l'apparition de "super-mauvaises herbes", par le biais d'un transfert de gènes de résistance aux herbicides qui se feraient des plantes transgéniques vers des plantes sauvages étroitement apparentées.

Des recherches menées au Danemark ont montré que le colza génétiquement modifié de façon à tolérer un herbicide pouvait transmettre le gène qu'on lui avait greffé en s'hybridant à une mauvaise herbe appartenant à une espèce apparentée. [...] Si ces "mauvaises herbes" étaient converties en "super-mauvaises herbes" par transfert du gène de la résistance aux herbicides, cela pourrait entraîner d'importantes pertes de récolte et pousser à un usage accru d'autres herbicides. Pour ces raisons, l'Union européenne a imposé de facto un moratoire sur la commercialisation et la culture de ces plantes transgéniques. " (pp. 161-162 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Le risque des "super ravageurs" (le cas des plantes Bt)

" La bactérie Bacillus thuringiensis (Bt, en abrégé) a été isolée du sol en 1911. Depuis 1930, on s'en sert en tant que moyen de lutte biologique contre les insectes ravageurs des cultures. Les agriculteurs travaillant en "agriculture biologique" y ont de plus en plus recours depuis les années 1980.

Monsanto et les autres firmes œuvrant dans les "sciences de la vie" ont mis au point une technique de génie génétique consistant à introduire dans le patrimoine génétique des plantes cultivées le gène responsable de la production de la toxine excrétée par les bactéries Bt. Les plantes ainsi génétiquement modifiées excrètent cette toxine, produisant en quelque sorte par elles-mêmes leur insecticide. Elles sont commercialisées depuis 1996.

Alors que Monsanto vend ses plantes transgéniques Bt en affirmant qu'elles vont réduire le recours aux insecticides, celles-ci pourraient cependant susciter l'apparition de "super-ravageurs" et nécessiter, en fait, l'emploi de quantités plus grandes d'insecticides. En effet, durant toute la saison de leur croissance, les plantes Bt excrètent continuellement la toxine Bt. L'exposition à long terme des insectes à la toxine stimule la sélection, dans leurs populations, d'individus résistants à ce composé chimique. [...] En fait, [...] la résistance à la toxine Bt apparaît au bout de trois ou quatre ans. Déjà huit espèces d'insectes l'ont acquise [...].

[Par ailleurs,] les espèces bénéfiques, comme les abeilles et les papillons, qui sont nécessaires à la pollinisation, ou les espèces utiles, comme les oiseaux ou certains coléoptères qui prennent les ravageurs pour proies, peuvent être menacées par les plantes Bt. Les organismes habitant dans le sol qui décomposent la matière organique pouvant contenir la toxine sont susceptibles d'être affectés par cette dernière. On ne sait pas quel effet peuvent avoir sur la santé humaine des plantes Bt telles que les pommes de terre ou le maïs, lorsqu'on les mange [...]. " (pp. 163 à 165 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

Quand la désobéissance civile s'impose...

" Dans les périodes d'injustice et de domination étrangère, lorsqu'on refuse la liberté économique et politique aux gens, celle-ci peut être reconquise par la désobéissance non violente aux lois et au régime politique injustes. Ce mode d'action est une tradition démocratique en Inde et a été particulièrement illustré par Gandhi [...]. Comme il l'a déclaré dans [son livre] Hind Swaraj : "Aussi longtemps qu'existera la superstition selon laquelle les gens doivent obéir aux lois injustes, l'esclavage existera. Mais une seule personne qui résiste par la non-violence peut abolir cette superstition." " (p. 185 de Le terrorisme alimentaire par Vandana Shiva – 2001 – Fayard)

 

 

 

 

 

 

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